Mexico, l’Étoile montante de l’art contemporain

Du 8 au 12 février, la capitale du Mexique célébrait sa Semaine de l’art contemporain. L’évènement principal, la foire Zona Maco, a battu des records cette année en accueillant 77 000 visiteurs et plus de 50 groupes de musées internationaux.

Photo : Zona Maco

Mexico était déjà considérée comme la capitale de l’art moderne et contemporain pour l’Amérique latine mais, depuis quelques années, le marché de l’art mondial a les yeux rivés sur elle. Parmi les 216 galeries exposantes de la foire Zona Maco, 51 % étaient mexicaines et 49 % étrangères. « Mexico est un hub de collectionneurs très important au niveau international » déclare Mauricio Sampogna, directeur d’une galerie d’art à Houston. Située dans le centre Citibanamex, au nord-ouest de la ville, la foire Zona Maco était divisée en quatre parties : la section générale, où exposaient les plus grandes galeries internationales ; la section Zona Maco Ejes, qui se concentrait sur les jeunes galeries mexicaines ; la section Zona Maco Arte Moderno, qui présentait cette année des pièces de Rufino Tamayo, Xul Solar, Pablo Picasso et Joan Miró, et enfin la section Zona Maco Sur, qui mettait en lumière le travail des artistes du « Sud global ».

Les sections Ejes et Sur notamment, ont été saluées par la critique et la presse spécialisées pour la diversité et la large variété de thèmes et de techniques qu’elles mettaient en avant. Le média anglophone spécialiste de l’art contemporain, Hyperallergic, souligne notamment, parmi un grand choix d’œuvres explorant le thème du corps humain, les peintures figuratives de Xavier Schipani, représentant un corps transgenre en mutation, ou les nus de Samara Paiva, représentant des corps noirs « calmes et vaporeux ». Le stand commun de deux artistes brésiliennes, dans la section « Sur », présentant d’un côté les « toiles corporelles » en argile de Carla Santana, une jeune activiste afro-brésilienne, en face des sculptures textiles aux couleurs douces d’Élle de Bernardini, une danseuse transsexuelle a également attiré l’attention. Au-delà de la diversité des combats qui inspirent les artistes, un thème commun à tous semble émerger : celui du coronavirus, qui a marqué les esprits ces dernières années et qui se fait ressentir dans la création artistique.

Profitant de la dynamique impulsée par cette géante foire qu’est Zona Maco, d’autres évènements et activités ont été organisés à Mexico pendant cette semaine de l’art contemporain. La foire « Material » ou le « salón Acme », entre autres, plus alternatifs, ont également beaucoup plu à la critique pour leur aspect innovant. De plus, deux nouvelles galeries étrangères ont ouvert dans la capitale. La galerie Deli, basée à New York, et la galerie Mariane Ibrahim, qui a des locaux à Chicago et Paris, et maintenant dans le quartier de Renacimiento de la capitale mexicaine. Le directeur artistique de Zona Maco, Juan Canela, se félicite du succès international de la foire : « Cette année, nous avons plus de 55 groupes de musées internationaux qui viennent à la foire, et des collectionneurs de divers endroits d’Asie, d’Afrique, d’Europe, et des Etats-Unis bien entendu. Ils viennent acheter pour des musées ou pour des collections particulières ». Mexico est donc une ville sur laquelle garder un œil, s’érigeant comme un « hub » international pour l’art contemporain, mais aussi disposant d’un solide écosystème d’artistes nationaux. On peut citer parmi eux, Minerva Cuevas, connue pour utiliser des objets du quotidien dans l’élaboration de ses œuvres abordant des thèmes sociaux. Elle était l’une des « must-see » de cette semaine de l’art de Mexico.

Une fois la semaine terminée, Mexico reste une ville très importante pour le tourisme culturel : après Londres et Paris, elle serait l’une des villes les mieux dotées en musée. El País dédiait d’ailleurs il y a quelques semaines un article à l’important travail du MUAC, « Museo Universitario de Arte Contemporáneo », qui abrite une collection de plus de 1800 œuvres, de 300 artistes. Comme beaucoup de musées à travers le monde, le MUAC revoit ses perspectives, en faisant un important travail de réflexion sur la décolonisation et l’art indigène. « Pour le MUAC, il a été très pertinent, par exemple, d’inclure la perspective de genre dans les expositions que nous avons organisées. Nous nous sommes également intéressés de près à l’art contemporain des peuples indigènes, avec le développement de colloques internationaux axés sur la réflexion sur l’art indigène contemporain et la manière d’aborder ces expressions artistiques. Nous nous sommes demandé comment une institution comme le MUAC s’associe aux discours sur l’art indigène contemporain, les incorpore et les émet, car il s’agit d’une tâche permanente qui nécessite un espace de réflexion pour repenser les actions spécifiques que nous pouvons développer pour infiltrer d’autres discours et repenser l’histoire de l’art », expliquait la directrice.

Marie BESSENAY