Des volontaires français protègent des personnes menacées de mort au Guatemala

Objectif : donner l’espace de sécurité nécessaire aux personnes et aux organisations qui agissent pour faire respecter les accords de Paix de 1996 et les droits humains au Guatemala. Le collectif Guatemala et Acoguate, des associations à but non-lucratif, soutiennent les organisations de droits humains et le mouvement social et indigène guatémaltèque dans leurs efforts pour construire un État de droit.

Il s’agit d’assurer une présence physique lors des réunions ou des manifestations de mouvements qui militent en faveur des droits humains, et de fournir un accompagnement protecteur à des personnes directement menacées du fait de leur engagement dans la lutte pour la justice et la démocratie. Le Collectif Guatemala, dont les grands axes d’intervention sont la sensibilisation et l’information du public français, soutient ces actions d’accompagnement international.

Qu’est-ce que l’accompagnement international ?

C’est un outil de l’Intervention Civile de Paix, c’est-à-dire l’intervention non armée sur un terrain de conflit d’une organisation venant accomplir des missions d’observation, d’information, d’interposition ou de médiation de proximité en vue de prévenir ou de faire cesser la violence, promouvoir les valeurs des droits humains et de la démocratie, affirmer les droits de chaque partie et créer les conditions d’une solution politique du conflit. Il s’agit de « transformer » le conflit de telle sorte que le moyen de sa résolution ne soit plus l’action violente mais l’action non-violente. Dans cette perspective, il ne s’agit pas seulement de faire cesser les violences qui sont les conséquences du conflit mais aussi les violences qui en sont les causes, engendrées par les structures politiques, économiques ou sociales qui créent des situations d’oppression, d’exploitation ou d’aliénation.

Accompagnement dissuasif

Les accompagnateurs assurent une présence lors de manifestations de paysans ou de familles de disparus, lors du déplacement de certaines personnalités menacées, lors de réunion de travail entre défenseurs des droits humains, ou encore lors d’exhumations de fosses communes. Il peut aussi s’agir d’accompagner, dans leur vie de tous les jours ou au tribunal, des victimes d’exactions ou encore d’accompagner des groupes de paysans qui viennent négocier au sujet de conflits liés à l’accaparement des terres. Ainsi, les accompagnateurs deviennent littéralement des « gardes du corps » de militants menacés. Cette présence continue cherche à exercer une dissuasion à l’égard des acteurs qui voudraient mener des exactions contre ces personnes. Tout acteur politique soucieux de sa respectabilité internationale doit en effet tenir compte de l’impact que pourrait avoir auprès de l’opinion publique du pays d’origine des volontaires le meurtre de l’un d’entre eux.

Entre neutralité et ingérence : un équilibre difficile à réaliser

Les volontaires n’ont qu’un statut de touriste même si les autorités ne sont, en général, pas dupes sur la nature de leurs activités. Trois principes guident, en conséquence, leur action. Neutralité/ impartialité : Les membres d’une intervention civile doivent surtout rester impartiaux et équitables mais pas neutres. Les accompagnateurs ne s’impliquent pas dans les affaires internes des organisations accompagnées. Ils ne leur fournissent ni ressources, ni matériel, ni même savoir-faire. La présence internationale n’est là qu’en tant qu’observatrice et accompagnatrice afin que les personnes accompagnées puissent effectuer leur travail en sécurité. Non-ingérence : Cet aspect aussi est problématique car l’intervention est en elle-même une ingérence.

La justification de cette ingérence proviendrait d’une responsabilité universelle de chaque citoyen à faire respecter les droits humains. En même temps, ce principe reste valable pour les accompagnateurs dans la mesure où ils n’interviennent que sur invitation des acteurs de la société civile qui se sentent menacés, et leur installation dans les pays concernés ne peut se faire sans le consentement au moins tacite des États d’accueil. Les volontaires doivent toujours rester dans la légalité. Les populations civiles locales doivent rester seules responsables d’une réconciliation éventuelle. Non-violence : Les volontaires ne sont jamais armés ; les associations et personnalités protégées sont toujours accompagnées en fonction du caractère pacifique de leur travail. Cet aspect non-violent doit être affiché clairement de la part de la mission afin d’éviter les réactions de méfiance de la part des populations civiles et de créer un climat de confiance favorisant la coopération.

Jac FORTON

* Sur base de témoignages du Collectif Guatemala