Début mai, le Congrès des États-Unis a approuvé un budget de 665 millions de dollars pour l’Amérique centrale, destinés à la lutte contre la violence endémique et le manque de développement économique, raisons principales de la migration massive vers le pays du Nord. L’ONG étatsunienne WOLA analysera le bon usage de cet argent.
photo : WOLA
Pour WOLA (Washington Office for Latin America), le succès ou l’échec de l’aide US dépendra du bon usage de cet argent et, surtout, de la volonté des gouvernements à réaliser les réformes nécessaires. Cette aide est principalement dirigée vers le Guatemala, le Honduras et le Salvador, trois des pays considérés comme les plus violents au monde et d’où partent des milliers de candidats à l’immigration.
La lutte contre la corruption
Ce budget considère une aide spécifique à la CICIG, la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (une agence des Nations unies) et à la MACCIH, Mission de soutien à la lutte contre la corruption et l’impunité au Honduras. Il s’agit de renforcer les capacités des institutions locales et d’assister les enquêtes dans un combat implacable contre la corruption à tous les niveaux, y compris dans les sphères proches des Congrès et des gouvernements. C’est ainsi que les services des procureurs généraux et les ministères publics des trois pays bénéficieront d’une partie de l’aide. La corruption est un des éternels fléaux qui rongent les institutions de ces trois pays et indignent la population qui n’hésite plus à descendre en masse dans la rue pour exprimer sa colère. On peut rappeler que le président Otto Molina du Guatemala et sa vice-présidente Roxana Baldetti ont dû démissionner suite à de vastes manifestations populaires d’indignation devant la corruption de leur gouvernement.
Dissuader l’immigration
Vu la corruption chronique existant dans ces pays, le Congrès US prévient que l’aide est conditionnée au respect de 12 critères : les gouvernements et les institutions bénéficiaires doivent démontrer un véritable engagement à renforcer l’État de droit, combattre la corruption, attaquer la pauvreté et réduire les inégalités, principales causes qui poussent des milliers de Centraméricains à émigrer vers les États-Unis. Il ne s’agit donc pas de grande générosité de la part du Congrès US mais de l’intérêt du pays à maîtriser l’immigration. Construire un mur entre le pays et le reste de l’Amérique latine comme l’a décidé le président Donald Trump ne sert à rien s’il n’y a pas aussi des programmes et des politiques sociales et économiques qui permettent aux habitants de l’Amérique centrale de vivre et travailler en paix dans leur propre pays. Pour Adriana Beltrán, coordinatrice de ce projet chez WOLA, « Les familles qui fuient l’Amérique centrale vers les États-Unis le font suite à la violence et à la pauvreté » qui ravagent ces États.
Création d’un Moniteur centraméricain
WOLA annonce la création d’une institution, le Moniteur centraméricain, qui suivra de près l’usage des fonds octroyés en travaillant en étroite collaboration avec des ONG locales connues pour leur intégrité : la Fondation Myrna Mack au Guatemala, l’Institut universitaire d’opinion publique (IUDOP) au Salvador et l’Institut universitaire en démocratie, paix et sécurité (IUDPAS) au Honduras. Les fonds octroyés pour l’année 2017 se montent à 280 millions de dollars pour l’assistance au développement, 104 millions pour le Fonds de soutien économique, 225 millions pour développer la sécurité et 3 millions d’assistance militaire. La CICIG recevra 6 millions, la MACCIH, 5 millions, et les ministères publics des trois pays de 6 à 11 millions chacun. Une partie du budget devra obligatoirement être dédiée à la protection des défenseurs des droits humains, des journalistes, des syndicalistes et des membres de l’opposition politique.
Jac FORTON
Sites des associations mentionnées : WOLA ; CICIG ; MACCIH ; Moniteur centraméricain ; Fondation Myrna Mack ; IUDOP ; IUDPAS.