Photo: AFP et Daboost à travers canva.com
À l’approche d’une année électorale décisive, une récente proposition du président colombien Gustavo Petro autour de la consultation des citoyens sur la possibilité de convoquer une Assemblée Constitutionelle suscite de nombreux débats. Si le chef de l’État défend une démarche démocratique, l’opposition dénonce une tentative de contournement des règles établies et alerte sur un possible glissement autoritaire.
L’année prochaine sera une année clé pour la Colombie puisque deux élections générales sont convoquées: l’élection d’un nouveau Congrès en mars ainsi que l’élection d’un nouveau président en juin.
Ce vendredi 20 juin,le président Gustavo Petro a annoncé sur X que les citoyens colombiens pourraient,en parallèle des élections législatives, s’exprimer sur la possibilité de convoquer une nouvelle assemblée constitutionnelle afin de remplacer ou réformer la Constitution en vigueur,datant de 1991.L’opposition politique,notamment les partis de droite,a immédiatement alerté sur le caractère non constitutionnel de cette proposition et a déposé une plainte auprès des Hautes Cours de Justice.D’après la constitution,une telle proposition doit d’abord être soumise au Congrès de la République qui l’approuve ou la rejette.Ce que Petro propose n’est donc pas réalisable car les citoyens ne peuvent pas s’exprimer sur la Constitutions sans l’approbation préalable du Congrès.
El Espectador, un journal colombien,reproduit dans son édition web du 24 juin les paroles du chef du parti Libéral, l’ancien président César Gaviria.Ce dernier a déclaré que la recherche d’une nouvelle constitution par bulletin de vote est complètement inconstitutionnelle.De plus,il accuse Petro de vouloir modifier la constitution afin de pouvoir être réélu (aucun président ne peut être réélu, ni immédiatement, ni plus tard d’après la réforme de 2015) et de mettre en place une stratégie pour lancer la campagne de son parti aux présidentielles de 2026. « Cette idée, loin d’être un exercice démocratique, représente une stratégie de confrontation, de polarisation et de manipulation pour ouvrir la voie à un projet personnaliste qui dépasse les limites de l’État social de droit« , a affirmé Gaviria.
Par ailleurs,le président colombien avait déjà tenté d’organiser un référendum sur le Code du travail afin d’accorder plus de droits aux travailleurs (projet faisant partie de ses promesses électorales) ce qui lui a valu de nombreuses critiques de la part de l’opposition.Cependant,et contre toute attente puisque la gauche ne dispose pas de majorité au sein du Congrès,la réforme à été adoptée le 20 juin par ce dernier.En raison du clivage politique qui caractérise une institution aussi importante que le Congrès,des nombreuses mesures proposées par Petro ou le Pacto Historico (coalition de gauche qui soutient le président) sont bloquées par les partis centristes ou de droite.Ainsi, la proposition de Petro se relève comme étant une tentative de remédier à la polarisation à laquelle il fait face: il souhaite mettre en place un vote qui permettrait de convoquer une assemblée constitutionnelle,ce qui mènerait potentiellement à une constitution où le référendum occupe une place plus importante et par conséquent où les citoyens peuvent s’exprimer davantage.
Néanmoins, cette proposition se heurte à un scepticisme général: d’un côté,la droite compare Petro à Hugo Chavez et craint des dérives autoritaires,de l’autre la gauche considère que cette proposition n’a pas lieu d’être dans le contexte national actuel.
Rédigé par : Camilo TRIANA CÁCERES.Edité par: Dounia BOUDJORF FELLAH
https://www.elespectador.com/politica/cesar-gaviria-critica-a-petro-por-asamblea-nacional-constituyente-y-dice-que-no-se-saldra-con-la-suya-noticias-hoy/
https://www.liberation.fr/international/amerique/en-colombie-le-president-gustavo-petro-veut-reformer-la-democratie-envers-et-contre-tous-20250627_BWPFRMV6CNEJPKLSJ7BAIWXO54/