Du 4 au 13 juillet, la ville de Gijón (Asturies) accueillera la 38e édition de la Semana Negra, l’un des festivals littéraires les plus singuliers d’Espagne. À la croisée du polar, de la culture populaire et de l’engagement politique, l’événement revendique son esprit protestataire et international. Plus d’une centaine d’autrices et auteurs, venus d’Europe et d’Amérique latine, participeront à cette nouvelle édition, dont le fil rouge sera, cette année encore, la mémoire des luttes, la diversité des genres et les nouvelles voix du roman noir.
Photo : David Aguilar Sánchez
Installé comme toujours sur l’ancien chantier naval de Gijón, le festival proposera pendant dix jours une programmation foisonnante : quatre scènes fonctionneront en simultané pour accueillir débats, présentations de livres, lectures de poésie, concerts, projections et expositions. La Semana Negra ne se limite pas au polar, même si ce dernier reste son cœur battant : elle explore aussi les territoires de la science-fiction, du roman historique, du fantastique, de la non-fiction, du journalisme narratif ou encore de la bande dessinée.
Depuis sa création, le festival se distingue par son ton libre, sa dimension populaire et son ouverture à l’international. L’an dernier, il avait parrainé la création d’un festival jumeau à Buenos Aires. Cette année, une nouvelle déclinaison verra le jour à Latina, en Italie, avec le soutien du journaliste et écrivain Gian Luca Campagna. À Gijón, ce dernier viendra présenter Le Parfum du Dernier Tango, poursuivant ainsi l’ambition de tisser des ponts entre les scènes littéraires d’Europe et d’Amérique latine.
Parmi les invités phares de cette édition, on retrouvera Petros Markaris, figure majeure du polar européen et père de l’inspecteur Kostas Jaritos, qui fera son retour au festival après sa dernière participation en 2022. Miriam Lewin, journaliste argentine et survivante de la dictature, présentera quant à elle Dina et Natan, un roman d’espionnage inspiré d’histoires vraies sur fond d’Argentine post-nazie. D’autres figures importantes du monde hispanophone seront présentes : Jorge Volpi (Mexique), Santiago Roncagliolo (Pérou), Gioconda Belli (Nicaragua), ou encore Fritz Glockner, dont le roman Les Années blessées a récemment été adapté en série.
La scène littéraire espagnole sera également bien représentée. Rosa Montero présentera le dernier volet de sa série autour de Bruna Husky. Marta Sanz, fidèle du festival, reviendra sur Los íntimos, tandis que Lorenzo Silva parlera de Las fuerzas contrarias, nouvel épisode de sa série culte Bevilacqua & Chamorro. D’autres noms confirmés : David Torres, Berna González Harbour, Ignacio Martínez de Pisón, Juan Tallón, Alejandro Palomas ou encore Luisa Etxenike (alias Antonia Lassa), récemment primée au Silverio Cañada.
La Semana Negra rendra également hommage à deux figures majeures. Le poète Ángel González, dont on célèbre le centenaire cette année, sera honoré à travers des lectures collectives et une soirée poétique. Autre hommage prévu : celui de Mariano Antolín Rato, écrivain et traducteur influent, lauréat du prix Celsius en 2023, décédé cette année.
Au-delà de la littérature, le festival conserve son ambition fondatrice : être un espace de résistance culturelle. Dans un contexte de crispation politique en Espagne comme ailleurs, la Semana Negra réaffirme son identité hybride, populaire et critique. Une fête, oui, mais aussi un lieu où se rencontrent les mémoires, les luttes et les récits qui bousculent. Et ce n’est que le début…
Andréa ELIA
Site : semananegra.org