Sortie de « Un silencio lleno de murmullos » de Gioconda Belli

Le dernier livre de Gioconda Balli, Un silencio lleno de murmullos (Un silence plein de murmures), [1] raconte l’histoire de Pénélope, une femme de 45 ans qui se rend en Espagne depuis le Nicaragua pour s’occuper des affaires de sa mère Valeria, récemment décédée. Après avoir lutté aux côtés des révolutionnaires sandinistes pour renverser la dictature de Somoza, déçue par ses frères d’armes, cette dernière avait émigré en Espagne. Où elle mourut seule à Madrid. Pénélope se retrouve ainsi plongée dans la vie de sa mère, cette mère qu’elle a toujours senti absente ; dans une vie marquée par la clandestinité et l’amour. Entre vibromasseur et alcool, elle découvre alors un grand secret sur Valeria.

« À travers le jeu de miroirs entre la protagoniste et les traces de sa mère décédée, nous retrouvons toutes les Gioconda Belli qui ont également peuplées sa poésie », écrit dans El País la journaliste et écrivaine Berna Gonzáles Harbour.

Cette fiction permet à l’écrivaine de revenir sur l’histoire de son pays natal, en y faisant apparaître l’aspect charnelle et féministe qui est le propre de sa poésie. Elle s’inspire aussi de son propre récit familial, comme de son engagement militant, duquel elle parlait aussi dans El país de las mujeres .[1]

Gioconda Belli Pereira est une autrice et poétesse née au Nicaragua en 1948, mais actuellement de nationalité chilienne, après que le gouvernement de Daniel Ortega la lui ait retirée en 2023. Fille d’un père entrepreneur et d’une mère artiste, elle décroche initialement un diplôme en publicité et journalisme à Philadelphie. Toutefois, à 22 ans, elle rejoint les rangs du FSLN (Front sandiniste de libération nationale), contre la dictature d’Anastasio Somoza Debayle, transportant du courrier et des armes en Europe et en Amérique Latine. Son objectif était alors d’obtenir des ressources et de faire connaître la lutte sandiniste. Après la victoire du FSLN, elle travailla au sein du gouvernement jusqu’en 1979, date à laquelle le parti perdit les élections. Dès les années 1980, elle centrât sa littérature sur la révolution sandiniste, tout en teintant son style d’un érotisme féministe et révolutionnaire. Dans ses oeuvres, elle traite ainsi de liberté avec humour, en laissant paraître entre les lignes une critique de la société moderne. Cependant, de plus en plus en désaccord avec le parti sandiniste, elle en est écartée et choisit finalement l’exil après l’élection de Daniel Ortega en 2016. Elle reçut de nombreuses distinctions pour ses œuvres, comme le prix Casa de las Américas, dans le genre poésie, pour son livre Línea de fuego [2], ou bien en 1978, le prix Los Angeles Times Book pour son autobiographie Le pays que j’ai dans la peau (El país bajo mi piel) [3], puis en 2003 le prix Biblioteca Breve pour son livre L’Infini dans la paume de la main (El Infinito en la palma de la mano) [4].

[1.] Un silencio lleno de murmullos (Un silence plein de murmures) de Gioconda Belli, éditions Seix Barr, 344 p., 2024, 21,90€.

[2.] El país de las mujeres (La république des femmes) de Gioconda Belli, éditions Seix Barr, 368 p., 2010, 19,90€.

[3.] Línea de fuego de Gioconda Belli, Casa de las Américas, 89 p., 1978.

[4.] Le pays que j’ai dans la peau (El país bajo mi piel) de Gioconda Belli, éditions RBA, 432 p., 2000, 25€.

[5.] L’Infini dans la paume de la main (El Infinito en la palma de la mano) de Gioconda Belli, éditions Jacqueline Chambon, 250 p., 21€.