Soutien mitigé de la chancelière Angela Merkel au président argentin Mauricio Macri

En visite officielle en Argentine, la semaine dernière  la chancelière allemande Angela Merkel a fortement soutenu le président Mauricio Macri pour ses politiques économiques mais aussi clairement montré son appui aux associations de défense des droits humains qui rejettent les politiques qualifiées de « négationnistes » du gouvernement.

Photo: Casa Rosada

Angela Merkel a félicité le président Macri pour « son ouverture économique » qui montre que « les conditions macro-économiques en Argentine sont à nouveau plus fiables ». Macri insiste : « Les deux pays veulent défendre le libre-échange ». Alors que les présidents Néstor et Cristina Kirchner avaient payé les dettes de l’Argentine pour ne plus subir les ukases du FMI (Fonds monétaire international), le président Macri s’est à nouveau lourdement endetté en empruntant des milliards aux banques et en réintégrant le FMI.

Vers un accord de libre-échange entre le Mercosur et l’UE ?

Le président de fait brésilien Michel Temer et Mauricio Macri ont provoqué un retournement complet des objectifs du Mercosur (1). Alors que celui-ci avait pour but une intégration économique des pays membres pour plus d’indépendance vis-à-vis des grands blocs économiques du monde, les deux présidents en ont éjecté le Venezuela et poussent aujourd’hui à un accord commercial rapide entre le Mercosur et l’Union européenne. Cet accord serait préjudiciable aux économies latino-américaines car, tout comme le CETA avec le Canada ou le TAFTA avec les États-Unis par rapport à l’UE, il ne s’agirait pas d’un simple accord commercial car il définirait des relations structurelles, mais cette fois en faveur de l’Europe. Madame Merkel a d’ailleurs prévenu : « L’Argentine devra faire des concessions ! »  De fait, alors que l’Europe exporte beaucoup vers les pays du Mercosur, ceux-ci exportent peu de produits manufacturés vers l’UE. Tout comme le CETA et le TAFTA, les discussions qui ont eu lieu en mars dernier à Buenos Aires entre le Mercosur et l’UE sont secrètes et leur contenu ne sera dévoilé qu’après signature des accords !

Le retour du FMI

Puisque le président Macri a décidé de rouvrir ses portes au FMI, celui-ci lui a envoyé une délégation « de contrôle » de la situation. Ses recommandations ne sont pas une surprise : retour à l’orthodoxie financière, diminution des charges financières des entreprises, réduction des impôts du secteur privé, diminution drastique des dépenses publiques, etc.

Angela Merkel contre le négationnisme argentin

Le gouvernement Macri a déjà plusieurs fois provoqué la colère des associations de défense des droits humains et des Mères et Grand-mères de la Place de Mai. Ce fut d’abord le ministre de la Culture de Buenos Aires, Darío Lopérfido, pour qui « le chiffre de 30 000 disparus s’est décidé autour d’une table pour obtenir des subsides ». Devant le tollé général, Macri l’a envoyé en… Allemagne. Ce fut ensuite le directeur général des Douanes, Juan Gómez Centurión, pour qui « Ce n’est pas la même chose 8 000 vérités que 22 000 mensonges », 8 000 disparus étant le chiffre revendiqué par le gouvernement. Angela Merkel a fait comprendre qu’elle acceptait le chiffre de 30 000 en dialoguant avec Vera Jarach des Mères de la Place de Mai (ligne fondatrice). Posant une photo des deux femmes sur son compte Instagram, Merkel y fait le commentaire suivant : « Ce fut une des dictatures les plus sanglantes avec jusqu’à 30 000 victimes y compris allemandes ».

Jac FORTON

(1) Mercosur : marché commun du sud, un effort d’intégration économique fondé par l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay, auxquels s’est joint le Venezuela plus tard.