« Le Christ aveugle », film tourné dans la pampa chilienne de Tamarugal

 J’ai toujours été obsédé par le rapport que les individus entretiennent avec la foi qui est très mystérieuse pour moi. J’ai décidé de raconter l’histoire d’un homme qui veut accomplir un miracle dans le désert… » déclare le réalisateur chilien Christopher Murray. Le film a été sélectionné aux Festivals de Venise, de Villeurbanne et de Toulouse. Bien dommage que ce film; comme beaucoup d’autres production latino-américaines, sort cette semaine dans quelques salles en France.

Photo: AlloCiné

Michael est mécanicien dans un village chilien de la pampa désertique de Tamarugal. Depuis une révélation qu’il a eue enfant, il ressent une foi intime : Dieu ne parle pas dans les églises, il est en nous. Michael se sent élu, peut-être un sauveur, mais il doute et certains le méprisent ou le prennent pour un fou. Quand il apprend qu’un ami d’enfance a eu un accident dans un hameau éloigné, Michael entreprend le voyage pour le guérir. Le long de sa marche, des laissés-pour-compte voient en lui un Christ capable de soulager leur réalité.

« Je dois reconnaître que cette idée de départ, que j’avais développée au sein de la Cinéfondation (du Festival de Cannes), était un peu intellectuelle. En faisant des recherches pour le film, j’ai entendu parler de la Pampa del Tamarugal. Dans ce lieu désertique, j’ai rencontré les personnages qui allaient être le cœur battant de mon récit. Mon histoire, qui était un peu abstraite au début, s’est chargée d’émotion », dans un univers poussiéreux et minéral, oublié du développement. En effet, à part l’acteur principal, Michael Silva, tous les personnages sont des amateurs rencontrés sur place et qui ont raconté leur vie difficile dans cette région privée d’espérance,  où les mines ont fermé. D’où l’importance du son, en particulier le vent et de la qualité de l’image qu’il a confié à un très grand chef opérateur, Inti Briones, qu’il connait depuis des années.

« Quand j’ai voulu faire mon film dans le nord du Chili, il était en phase avec le projet car il est péruvien et la frontière n’est pas loin. Le sujet l’intéressait. On a décidé de ne pas trop pousser la lumière qui est déjà intense dans le désert. J’estime qu’on a une responsabilité vis-à-vis des lieux et des vraies personnes qu’on filme. Cela passe par l’absence d’artifice et le recours à la lumière naturelle. Cette approche permet de restituer le rythme et l’esprit du lieu. Il en va de même pour les éléments naturels. On ne voulait rien fabriquer mais plutôt saisir l’âme du lieu. Il s’agissait d’exploiter les ressources qui étaient mises à notre disposition et de les restituer. C’est de cette manière organique qu’on incarne une histoire ». Le film a été sélectionné aux festivals de Venise, de Villeurbanne et Toulouse où il avait été sélectionné dans cinéma en construction l’an passé.

Alain  LIATARD