« Tout ce qui vole n’est pas oiseau » de la poétesse chilienne Elvira Hernández

L’écriture d’Elvira Hernández est traversée de courants contraires : l’un, effréné, fait partie d’un arpentage têtu qui fait émerger des décombres la mémoire de Santiago, sous les feux de la répression ou de la révolte ; l’autre, plus apaisé, est marqué par la concision et une attention méditative aux détails du quotidien. Ce qui frappe et touche dans cette écriture, est le mélange de désinvolture et de précision, toujours au service d’un regard acerbe sur le monde.

Elvira Hernández est née en 1951 à Lebú, une province araucane du sud chilien. Elle a commencé à écrire des poèmes dès son plus jeune âge. Après des études secondaires dans une école religieuse de Santiago, de 1969 à 1973, elle se spécialise en philosophie à l’Institut pédagogique de l’Université du Chili, puis, après le coup d’état du général Augusto Pinochet contre le gouvernement de l’Unité populaire, elle étudie la littérature au département d’études humanistes de la faculté de Sciences Physiques et Mathématiques. En 1979, confondue avec une autre personne, elle est arrêtée dans la rue par des agents du Centre national d’information (CNI), et est détenue à la caserne Borgoño pendant cinq jours.

L’année suivante, alors qu’elle est encore « sous une forte pression », elle commence à écrire La bandera de Chile, un journal de réflexions poétiques sur le Chili et ses emblèmes, qui circulera clandestinement sous forme de copies ronéotypées pendant la dictature militaire et ne sera publié officiellement que dix ans plus tard. Ces poèmes deviennent le symbole de la résistance. Depuis la publication de ¡Arre! Halley ¡Arre!en 1986, Elvira Hernández a continué à publier des livres de poésie et des essais (ces derniers signés de son vrai nom, Teresa Adriasola).

Après avoir reçu plusieurs prix ibéro-américains, Elvira Hernández est la deuxième femme poète (après Gabriella Mistral en1951) à s’être vu décerner le Prix national de poésie dans son pays, le Chili, en 2024.