« Un poète » un film du talentueux colombien Simón Mesa Soto en salle à partir de cette semaine 

Quasi sexagénaire, le malingre et disgracieux Oscar est un poète colombien, dont les recueils de jeunesse ont eu un succès d’estime. Depuis, il incube un grand œuvre toujours reporté. Il vit chez sa mère à Medellin, est séparé de son ex-femme et de leur fille – qui ne voient en lui qu’un être pathétique –, a tendance à aller se pinter la gueule dans les bars du coin, pour déclamer dans la rue quelques grands manifestes alcoolisés et emphatiques. Au bout du rouleau, il se résout à un emploi salarié, en devenant prof dans un lycée. Il découvre que l’une de ses élèves, Yurlady, écrit pour elle-même de la poésie. Les textes sont bons, comme fleuris dans le buisson d’un terrain vague. Il la promeut pour un concours de poésie national.

Mais un quiproquo aussi drôle que terrible va définitivement faire d’Oscar un Buster Keaton de la tartufferie culturelle. Constante conjonction, dans le film, entre burlesque et tragédie, qui sont somme toute deux régimes de la catastrophe, portée par deux acteurs non professionnels : l’interprète d’Oscar est un instituteur, celle de Yurlady a été dénichée dans un lycée. Tourné et monté en deux mois, Un poète est travaillé à la machette, ce qui ne l’empêche pas de rassembler, avec sang-froid, humour et délicatesse, ses tranchants éclats de miroir.

Dans la critique de cinéma de Télérama de cette semaine, la revue salue le film, sur l’humour vacharde est tout entière dans la vision de la vulgarité d’un monde où l’art n’est bon qu’à être exploité d’une manière ou d’une autre… Mais la légèreté de la comédie préserve de l’amertume… »