À travers le portrait de Maria Reiche se dessine le récit sensible et délicat d’une quête vers l’accomplissement de soi. Maria Reiche est une figure légendaire de l’archéologie mondiale. L’œuvre de sa vie : l’étude et la sauvegarde des « lignes de Nazca », de mystérieux géoglyphes géants tracés il y a environ 1 500 ans dans le désert du même nom, dans le sud du Pérou. Le film est en salles le mercredi 10 décembre.
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Damien Dorsaz, acteur et réalisateur suisse établi à Paris, l’a rencontrée en 1996 lors de son premier voyage au Pérou, un pays où il a vécu deux ans. En 2006, il a consacré un documentaire à l’archéologue allemande. Et dès 2007, il a commencé l’écriture d’un scénario pour un long-métrage. Dix-huit ans plus tard, son projet voit enfin le jour. Mais Lady Nazca n’est pas un film biographique : Dorsaz s’est librement inspiré de l’histoire de l’archéologue pour la mettre au service de son récit.
Lima, 1936. Maria Reiche (Devrim Lingnau), jeune Allemande polyglotte qui enseigne les mathématiques au collège, a mis un océan entre elle et une mère étouffante. Esprit libre fuyant les conventions de l’époque, elle vit avec Amy (Olivia Ross), son amie anglaise. Mais elle s’ennuie. Un soir, elle rencontre un archéologue français, Paul d’Harcourt (Guillaume Gallienne), qui recherche une traductrice allemand-français afin d’exploiter les notes d’un confrère à propos d’un site de fouilles. Ils se rendent ensemble à Nazca, dans le sud du Pérou. D’emblée, Maria est intriguée par les vestiges laissés par les Nazcas, une civilisation ancêtre des Incas, notamment les figures très stylisées qui subsistent sur des poteries et de vieux tissus. Puis, Paul emmène sa nouvelle recrue dans le désert voisin, où le sol caillouteux conserve la trace de longues lignes énigmatiques.
Paul est un excellent professionnel, mais il pratique l’archéologie pour gagner, si possible, beaucoup d’argent. L’action se situe quelques années à peine après la décennie dorée des années 1920 pour cette science, celle des découvertes spectaculaires de tombes royales et de leurs trésors en Égypte – comme ceux de Toutankhamon dans la vallée des Rois et du royaume d’Ur en Mésopotamie.
Maria, qui découvre l’archéologie par pur hasard, s’y plonge avec une vive curiosité qui se mue rapidement en passion, tandis qu’elle éprouve une empathie immédiate pour les peuples autochtones. Ce coup de cœur, qui l’emporte comme une évidence, sera le prélude au combat hors du commun qu’elle devra mener pour assurer la préservation du site.
Trouver sa place dans le monde
Sensible et délicat, le film de Damien Dorsaz rappelle à notre souvenir une silhouette et un visage insolites et marquants de l’archéologie au XXe siècle. Ceux d’une femme seule dans un désert austère, et qui balayait inlassablement d’interminables lignes qui faisaient l’objet de toutes sortes d’interprétations, des plus sérieuses aux plus fantaisistes. Une femme que certains prirent autrefois pour une folle.
Dans le rôle de Maria Reiche, l’actrice allemande Devrim Lingnau, très émouvante, rayonne. Guillaume Gallienne est également impeccable, comme l’ensemble de la distribution. Au travers de la figure de la jeune archéologue, le réalisateur a souhaité avant tout dépeindre une aventure initiatique, une quête personnelle, intime. Il a construit son récit avec simplicité, sobriété, de manière aussi linéaire que les tracés de Nazca. Il nous propose l’histoire simple et touchante d’une éclosion, dans une temporalité et une quiétude bien éloignée des tempêtes qui menacent alors l’Europe natale de Maria. L’éclosion d’un être qui se révèle au monde, et qui restaure son monde intérieur parallèlement à un site historique. Le film Lady Nazca parlera particulièrement à tout être humain qui s’est demandé s’il pourrait un jour, enfin, se sentir à sa place quelque part.
D’après la production
Lady Nazca. Réalisation : Damien Dorsaz. Avec : Devrim Lingnau, Guillaume Gallienne, Olivia Ross, Marina Pumachapi, Javier Valdés…Pays : France/Allemagne. Durée : 1 h 39


