Conférence des océans à Nice, un effort mondial pour l’environnement

La conférence UNOC3 se déroule dans un contexte alarmant pour toute la biodiversité marine qui souffre de plus en plus des effets de l’action humaine. Le blanchissement, phénomène de décoloration des récifs qui les laisse plus vulnérables, est causé par l’augmentation de la température et touche 84% des récifs coralliens de la planète. De plus, la pollution causée par le plastique est aberrante et d’ici 2050, le poids total des poissons pourrait être dépassé par celui des déchets plastiques, selon le World Resources Institute.

Face à ce scénario, l’UNOC3 se base autour de l’Objectif de Développement Durable 14 des Nations Unies, qui consiste en la conservation et l’utilisation durable des océans, des mers et des ressources marines. Cette conférence ne se limite pas à viser la création de mécanismes pour protéger les océans, mais aussi les moyens de les financer, tout en permettant un débat scientifique.

Plus de 120 pays, plus de 50 chefs d’Etat et de gouvernement, plus de 30 chefs d’organisations internationales ont fait le déplacement […] et plus de 100.000 personnes qui participeront” a annoncé Emmanuel Macron lors de son discours le 9 juin. La taille de l’organisation surpasse celles des conférences passées, qui ont étaient réalisées à New York en 2017 et à Lisbonne en 2022. Elle rassemble des représentants des 193 États membres des Nations Unies, des organisations internationales ainsi que des représentants de la société civile (ONG, scientifiques, entreprises).

Les organisateurs de la conférence vont plus loin, en proposant des événements en parallèle de la conférence UNOC3. Parmi les plus importants, on a vu le One Ocean Science Congress, qui a mis ensemble 2000 scientifiques pour discuter de l’état des océans. De plus, le Sommet de la Coalition Ocean Rise and Coastal Resilience, rassemble des responsables des régions côtières pour penser à une collaboration visant l’adaptation face au changement climatique. Aussi, le Blue economy and Finance Forum mobilise des agents économiques et sociaux ainsi que les chefs d’Etat pour développer des outils financiers.

Le président français évoque aussi le traité Traité international pour la protection de la haute mer et de la biodiversité marine (BBNJ) adopté le 19 juin 2023 qui permettra le développement d’une juridiction pour les eaux internationales. Il faut la ratification de soixante pays pour qu’un traité entre en vigueur, avant l’UNOC3, trente-deux nations avaient ratifié ce traité. Cependant, lors du premier jour de la conférence, plus de cinquante ratifications ont été déposées. Elles ont été accompagnées de plusieurs pays qui se sont engagés formellement à rejoindre le traité.

C’est un moment particulièrement important pour le Costa Rica, vu le poids qu’il exerce dans le débat environnemental et sa participation dans l’organisation de la conférence. Le « droit à un environnement sain et écologiquement équilibré » a été inscrit dans la Constitution de ce pays en 1994, montrant sa position de leader dans le combat contre la destruction de la nature. Le pays protège 30% de son territoire maritime à travers le parc national de l’île Cocos, qui compte 54 000 km², un territoire plus vaste que celui du Costa Rica lui même. Cependant, dans une interview à RFI le 12 juin le président du Costa Rica Rodrigo Chaves Robles a déclaré ne pas être fermé à la possibilité d’exploiter du pétrole découvert dans le territoire costaricain. Cette position va à l’encontre de celle de ses prédecesseurs, mais qui est défendue par Chaves Robles qui s’appuie sur les avancées du Costa Rica en matière environnementale. Il évoque la neutralité de l’agriculture de son pays, ainsi que le fait que sa production d’électricité nationale provient presque entièrement de ressources renouvelables.

Les pays latinoaméricans à leur tour ont une place assez spéciale. Après la fin de sa visite officielle en France le président brésilien Lula s’est déplacé à Nice, où il a affirmé vouloir ratifier le BBNJ encore cette année. Le Chili montre un effort encore plus poussé, se présentant aux côtés de la Corée du Sud pour présider la prochaine Conférence des Nations Unies sur l’Océan. De plus, le Chili a postulé pour que Valparaíso soit la ville siège du secrétariat du BBNJ. Ces pays qui ont un fort patrimoine naturel veulent montrer la réalisation des efforts pour la protection de l’environnement.

Cependant, certains évoquent des critiques à l’UNOC3. Le président Français a annoncé une augmentation assez limitée des zones où la pêche intensive est interdite, passant de 0.1 % à 4 % de la mer française. Aussi, les objectifs peuvent être jugés assez irréalistes. D’après Jorge Moreira da Silva, subsecrétaire genéral de l’ONU, il faut 175 milliards de dollars pour avoir une protection efficace des océans. La valeur actuelle est 117 fois plus petite que cela, et elle risque ne pas changer avant la fin de la conférence.

La conférence sur les océans à Nice a témoigné d’un effort diplomatique des pays à la fois developpés et en development envers l’environnement, qui ont montrés un compromis envers cette cause. Son grand succès étant le grand nombre de ratifications pour le Traité international pour la protection de la haute mer, cependant la situation semble exiger davantage.