« La branche argentine » de Carole Zalberg aux éditions Le soir venu à Belles Latinas 2025 

Au lendemain du 7 octobre, alors que Jo, son père, doit être placé en maison de retraite, Marie se lance dans l’archéologie familiale. Elle a toujours éprouvé une fascination pour l’Argentine, où elle n’est pourtant jamais allée. Or, elle vient d’apprendre qu’une branche de la famille s’y déploie depuis la dernière guerre. Marie embarque alors sur les traces d’Ella, sa lointaine cousine partie se réfugier à Buenos Aires en 1942. À mesure que la mémoire de Jo s’efface, le roman de ses origines se construit, et la jeune Ella se dresse devant nous, accoudée à la balustrade d’un bateau, espérant que l’homme qu’elle aime la rejoindra dès la prochaine escale. Face à elle, un nouvel exil et le deuil impossible. Comment se reconstruire et rebâtir sa vie sur des ruines ? Que faire des fantômes qui habitent al nuit ? N’y a-t-il qu’un grand amour et feint-on d’aimer quand on l’a perdu ? Hanté par la disparition, le roman se déploie autour de ces questions. Son livre sera en librairie le 1er octobre prochain. 

Carole Zalberg a une place singulière dans la littérature française contemporaine grâce à sa capacité à tisser des récits mêlant l’intime et l’universel, tout en explorant les complexités des émotions humaines et des dilemmes sociaux. Son œuvre littéraire est donc multiple, elle offre à la fois une voix unique dans la fiction contemporaine, tout en s’investissant pour faire vivre la littérature de manière collective et accessible. Une auteure comme Carole Zalberg nous rappelle que la littérature, au-delà des histoires qu’elle raconte, est un moyen de connecter les êtres humains à travers des expériences communes.

« Je suis fille d’exilée du côté de ma mère, petite-fille d’exilé du côté de mon père. Ma mère est venue de Pologne à 6 ans, en 1938, pour fuir le nazisme. Les parents de mon père, également Polonais d’origine, sont arrivés dans les années 1920 pour échapper aux pogroms. Il s’agit d’un exil particulier puisqu’il est sans retour possible. Plus rien ni personne n’existe de leur famille, de ce qui avait été bâti, dans le pays qu’ils ont quitté. Pour ma génération, issue de ce déracinement, héritière de la précarité des existences, la possibilité de la perte est comme métabolisée. Lorsqu’on écrit, même de la fiction pure, on va puiser profond en soi, tout passe par l’intériorité. Rien d’étonnant, alors, à ce que les thèmes de l’exil et de l’identité complexe s’invitent sous des formes plus ou moins directes ».

Merci d’évoquer la justesse. Elle est pour moi essentielle. Mon travail, têtu, acharné, consiste à dégager, dans la matière de la langue, la forme précise qui me semble porter le sens voulu. Qu’il s’agisse de romans, de poésie, de chanson, même, je confie à la musique des mots, au rythme, la responsabilité du fond. C’est une approche très intuitive que j’aurais bien du mal à décomposer en étapes, en méthode. 

Il me semble que plus les sujets sont durs et intenses, plus l’écriture doit être mesurée, faire ressentir plutôt que tenter d’imposer un sentiment. Chaque description, chaque nuance doit porter un élément du récit. Ce n’est pas une question de longueur du texte mais d’économie de la phrase. Feu pour feu est très bref et donc naturellement plus dense mais, dans l’idéal, cette économie vaut pour un roman plus long comme, par exemple, À défaut d’Amérique. Je rêve qu’on puisse ouvrir mes livres à n’importe quelle page et y trouver un monde qui se tient, un ensemble cohérent d’éléments « chargés », comme lorsqu’on prélève une carotte dans un sol pour l’étudier.