« Nous nous verrons en août », le roman posthume de Gabriel García Márquez

Gabriel García Márquez est né en 1927 à Aracataca, en Colombie et mort à Mexico en 2014. Prix Nobel de Littérature en 1982, homme politiquement engagé, il a publié une dizaine de romans, des nouvelles, des scénarios de cinéma, des essais? une grande quantité d’articles dans des journaux et des revues en Amérique et en Europe et une pièce de théâtre.

Photo : Ed. Grasset

On est toujours un peu inquiets quand on nous annonce la prochaine sortie d’un inédit d’un auteur décédé dont nous avons aimé (presque) toute l’œuvre et qui n’avait pas été publié de son vivant. C’est souvent très en dessous des qualités que nous avons appréciées ; pas toujours, les textes posthumes de Roberto Bolaño méritaient d’être offerts au public, mais c’était Bolaño ! Eh bien on peut dire à peu près la même chose de ce Nous nous verrons en août! Près de dix ans après sa disparition (pourquoi aussi longtemps ? Ses deux fils l’expliquent dans la postface, voilà un véritable petit (à peine 120 pages) bijou, léger, joyeusement immoral et pourtant plein d’idées.

Ana Magdalena Bach (rien que ça !), 46 ans, vit respectablement avec son mari dans une ambiance remplie de musique (Doménico, 54 ans, est chef d’orchestre, ses parents et enfants sont tous musiciens). Mariée depuis 26 ans, elle est restée fidèle à son mari… Jusqu’à ce 16 août. Chaque année, à cette date, elle a coutume de se recueillir sur la tombe de sa mère sur une île de la Mer des Caraïbes. Après avoir visité le cimetière, cette année-là, elle se laisse séduire par un inconnu et passe une nuit de rêve, entachée par le billet de 20 dollars que lui a laissé l’homme avant de disparaître. Cette première infidélité aura-t-elle des conséquences sur la vie d’Ana Magdalena ? L’amour est au centre de toute l’œuvre romanesque de Gabriel García Márquez, un amour romantique presque inatteignable était le sujet d’un de ses meilleurs romans,L’amour au temps du choléra, ici c’est davantage l’idée de liberté autour de l’amour qui est abordée. Liberté, jouissance, sans vains remords mais avec les interrogations qui vont avec. Un souffle de liberté court au long de cette histoire pleine d’érotisme, au sens noble, une histoire où la musique et la lecture ont un rôle de premier plan. La musique, c’est aussi bien Dvorák, Bartók que Celia Cruz ou Elena Burke, la reine du boléro ; les livres ce sont les Chroniques martiennescomme L’Étranger. Ce souffle de liberté est un souffle vital.

Alors bien sûr on pourra remarquer ici ou là une incohérence, un détail déplacé, une phrase un peu moins maîtrisée, si on a envie tout simplement de prendre notre plaisir, on sera ravis, entraînés dans une aventure lumineuse avec quelques zones d’ombre quand même, un féminisme convaincant parce que léger et optimiste sans être godiche. Il y a des Prix Nobel de littérature qui n’ont pas été volés !