Le coloriste brésilien qui a travaillé sur Sandman – The Dreaming, Supergirl ou encore Rogues, nous régale de ses teintes subtiles sur Saison de sang ! L’artiste a accepté d’évoquer son parcours.
Photo : Bedeteque
Quel a été votre parcours pour devenir coloriste de bandes dessinées ?
Comme la plupart des artistes, je m’intéresse à l’art depuis que je suis tout petit. Je dessinais beaucoup quand j’étais plus jeune, mais au début de mon adolescence, j’ai fait une pause. Après quelques années, j’ai découvert la colorisation numérique sur un forum Internet et cela a ravivé ma passion pour l’art. Je trouvais juste la possibilité de coloriser des choses vraiment magiques, comme si elles sortaient d’un film ou d’un dessin animé ou autre. J’ai tout de suite été accroché et j’ai passé beaucoup d’heures à m’y adonner, juste comme un passe-temps. Au bout d’un moment, j’ai découvert que cela pouvait être une véritable carrière et j’ai décidé de tenter le coup. J’ai commencé à prendre les choses au sérieux, c’est-à-dire à étudier tous les tutoriels que je pouvais trouver en ligne (ce qui à l’époque n’était pas grand-chose), et à me constituer un solide portfolio. Et puis j’ai été embauché pour la première fois et je n’ai jamais cessé de coloriser depuis.
Colorisez-vous de la même façon quel que soit l’artiste avec lequel vous travaillez ? Par exemple, je ressens une manière différente de coloriser sur Ka-Zar ou Rogues que sur Step by bloody step ou Supergirl. Ai-je tort ?
Non, vous avez tout à fait raison. J’essaie toujours de m’adapter à l’artiste avec lequel je travaille et à l’histoire que nous racontons. Mon but est de créer quelque chose d’unique pour chaque livre sur lequel je travaille, car chaque histoire est unique. Même si j’ai travaillé avec la même équipe pour d’autres livres, j’essaie toujours de faire quelque chose de différent.
Travailler avec la lumière, créer une atmosphère, … qu’est-ce qui vous excite le plus dans votre travail ?
À peu près ce que vous avez dit ! Ce que je préfère dans mon travail, c’est créer mes palettes, trouver la bonne approche pour le projet et appliquer ces couleurs pour créer l’ambiance des scènes. J’aime aussi beaucoup coloriser les arrière-plans.
Vous travaillez beaucoup sur des projets de Fantasy, que ce soit en indé ou en mainstream (Supergirl, Sandman, Ka-Zar…). Est-ce un genre que vous aimez en tant que lecteur et sur lequel vous aimez particulièrement travailler ?
Oui, j’adore la Fantasy ! Qu’il s’agisse de livres, de bandes dessinées ou de films, c’est un genre qui offre de grandes possibilités. On peut s’amuser tellement avec. Mais je n’ai jamais eu l’intention de travailler sur autant de projets de Fantasy. C’est arrivé naturellement.
Lors de son interview, Matias Bergara nous a dit que vous vouliez travailler avec lui et Si Spurrier depuis longtemps. Qu’est-ce qui vous séduit dans leur travail ?
Tout. Je suis un grand fan du travail de Matias, ainsi que de celui de Si. J’ai adoré CODA et j’avais déjà travaillé avec Si sur The Dreaming, je savais donc de quoi ils étaient capables. Les lignes de Matias sont si énergiques et organiques et je suis toujours époustouflé par l’échelle qu’il est capable de créer dans ses dessins. Et la capacité de Si à créer des images visuelles dans ses scénarios est vraiment inégalée. J’aime la façon dont il peut imaginer ces grandes scènes absurdes et folles, ainsi que les petites scènes touchantes, avec la même efficacité.
Step by bloody step est une série sans dialogue. Cela a évidemment un impact sur le travail de Matias Bergara. En tant que coloriste, cela influence-t-il également votre façon de travailler ? Y a-t-il certaines choses qui doivent être accentuées, travaillées différemment ?
Oui, sans aucun doute. Comme il n’y a pas de dialogue, l’art doit être très clair lorsqu’il s’agit de montrer au lecteur ce qui se passe dans les scènes. J’ai donc dû faire très attention aux couleurs que j’allais utiliser, aux éléments que j’allais accentuer, à l’accentuation ou non des sentiments des personnages, etc
Dans Step by bloody step, vous créez des atmosphères incroyables avec vos couleurs. Cela a-t-il nécessité beaucoup de travail préparatoire, beaucoup d’essais pour capturer ces ambiances ?
Non, je n’ai pas fait beaucoup de travail préparatoire avant de commencer sur SBBS, mais j’ai passé beaucoup de temps à essayer de comprendre comment coloriser le travail de Matias dans les premières pages. Ce n’était pas un travail facile dès le début, en fait, j’ai eu beaucoup de mal avant de trouver un bon flux de travail. Mais c’était en termes généraux. Pour ce qui est des atmosphères, je me suis contenté de faire ce que j’avais sous les yeux à ce moment précis. Les pages étaient toujours si inspirantes que créer des ambiances n’était pas vraiment un défi pour moi.
Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ou les plans pour l’avenir ?
Malheureusement, je ne peux pas dire sur quoi je travaille en ce moment, ce sont tous des secrets ! Tout ce que je peux dire, c’est que je suis impliqué dans trois projets en ce moment : l’un est pour DC Comics, l’autre pour BOOM, et le dernier est un projet indépendant. Mes projets sont de continuer à coloriser des bandes dessinées ! Et peut-être en écrire un jour.
Quelles sont les bandes dessinées que vous lisez actuellement ? Des coups de coeur ?
Je viens de terminer Kill or Be Killed, qui a été publié récemment ici au Brésil. J’ai adoré. J’ai aussi commencé à lire Un océan d’Amour* qui, comme SBBS, est un livre muet et j’aime beaucoup jusqu’à présent !
Entretien réalisé par échange de mails.
*Un océan d’amour, de Wilfrid Lupano et Gregory Panaccione, disponible chez Delcourt.