Arte propose un cycle autour du cinéma argentin au cours du mois d’août. Seront ainsi diffusés le mercredi 22 août à 20 h 55 Dans ses yeux de Juan José Campanella, suivi à 23 h par le film El Clan de Pablo Trapero. Le cycle continue le mercredi 29 août à 20 h 55 avec le film Les Nouveaux Sauvages.
Photo : extrait de Dans ses yeux
Dans ses yeux, un thriller couronné de prix
1974, Buenos Aires. L’agent fédéral Benjamin Espósito enquête sur le meurtre sanglant d’une jeune femme. Vingt-cinq ans plus tard, il décide de consacrer un roman à cette affaire «classée». Son travail d’écriture le ramène au meurtre qui l’obsède depuis tant d’années, mais également à l’amour qu’il portait à sa collègue de travail, entre-temps devenue juge. Benjamin replonge ainsi dans une période sombre de l’Argentine, où les apparences étaient trompeuses.
La mémoire et l’histoire
«La mémoire me fascine ainsi que la façon dont des décisions prises il y a vingt ou trente ans peuvent nous affecter aujourd’hui. Cela peut aussi s’appliquer à la mémoire d’une nation. En tant que pays, alors que nous retrouvons maintenant notre mémoire des années 1970, nous savons que l’horreur a commencé à prendre forme avant la dictature militaire. L’histoire se déroule dans une Argentine où l’atmosphère est lourde et étouffante même pour les protagonistes. C’est également plus qu’une simple histoire policière. Le personnage principal essaie de résoudre ses problèmes personnels autant que l’enquête criminelle. Mon but était de poser cette question : cet homme qui marche vers nous, que sait-on de lui ? Qu’apprendrait-on de lui si on avait tout à coup un gros plan sur ses yeux ? Quels secrets nous raconteraient-ils ?», explique Juan José Campanella.
El secreto de sus ojos de Juan José Campanella (Argentine/Espagne, 2009, 2h01mn, VF/VOSTF) – Scénario : Juan José Campanella, Eduardo Sacheri – Avec : Ricardo Darín (Benjamin Espósito), Soledad Villamil (Irene Menéndez Hastings), Carla Quevedo (Liliana Coloto), Pablo Rago (Ricardo Morales), Javier Godino (Isidoro Gómez) – Production : Tornasol Filös, Haddock Films, 100 Bares Producciones S.A. and El secreto de sus ojos A.I.E.
Meilleur film étranger, Oscars 2010 – Meilleur film étranger en langue espagnole et meilleure espoir féminin (Soledad Villamil), Goyas 2010.
Diffusé le mercredi 22 août à 20h55
El clan, un thriller violent et magnétique
Buenos Aires, 1982. Patriarche d’une famille modèle, Arquìmedes Puccio régente avec douceur son petit monde. Écarté des services de renseignement depuis le retour de la démocratie, Puccio a fait d’Alejandro, son fils cadet, le complice des lucratives activités criminelles qu’il mène pour son propre compte. Entouré d’amis riches, joueurs de rugby comme lui dans l’équipe d’un quartier huppé de la capitale, Alejandro lui fournit des informations sur ses camarades et leurs parents. Accompagné d’hommes de main, Puccio les enlève, les séquestre au sous-sol de la maison familiale et réclame de mirifiques rançons à leurs proches. Un jour, alors qu’il va être relâché, Ricardo Manoukian, l’une de leurs victimes, les reconnaît et menace de les dénoncer. Le jeune homme est retrouvé dans un champ avec trois balles dans la tête…
Noirs offices
S’inspirant d’un sordide fait divers qui a secoué l’Argentine au milieu des années 1980, Pablo Trapero brosse au travers de cette famille – apparemment – ordinaire le portrait psychologique d’un pays encore sous le coup de ses terribles années de dictature militaire et de leur kyrielle d’opposants disparus. Sous la coupe d’un pater familias qui fut informateur de la junte, son épouse (enseignante) et leurs quatre enfants (bien élevés) semblent aveugles et sourds aux crimes perpétrés sous leur toit. Impavide et glaçant, Arquìmedes Puccio – formidable Guillermo Francella – a beau élaborer ses plans au petit bonheur la chance, il fait aussi preuve d’une précision maniaque, consignant avec soin forfaits et rentrées d’argent dans le petit carnet qui scellera sa chute. Les flash-back qui ponctuent le récit ainsi qu’une bande originale aux tubes primesautiers, de Sunny Afternoon des Kinks à Just a Gigolo de David Lee Roth, contrebalancent l’atmosphère suffocante des scènes violentes. Produit par Pedro et Augustin Almodóvar, plébiscité par le public et la critique, un thriller magnétique dans la veine des Affranchis de Scorsese.
El clan de Pablo Trapero (Argentine/Espagne, 2015, 1h41mn, VF/VOSTF) – Scénario : Pablo Trapero, Esteban Student, Julian Loyola – Avec : Guillermo Francella (Arquìmedes Puccio), Peter Lanzani (Alejandro Puccio), Lili Popovich (Epifania Puccio), Giselle Motta (Silvia Puccio), Franco Masini (Guillermo Puccio), Gaston Cocchiarale (Marguila Puccio) – Production : El Deseo, Matanza Cine, Kramer & Sigman Films.
Lion d’argent, Mostra 2015 – Meilleur film ibéro-américain, Goya 2016, Meilleurs film, révélation masculine (Peter Lanzani), direction artistique, costumes et son, Académie des arts et sciences du cinéma d’Argentine 2015.
Diffusé le mercredi 22 août à 23h
Les Nouveaux Sauvages : six sketches à la violence assumée et libératrice
Les passagers d’un avion réalisent qu’ils connaissent tous le même homme et qu’un jour ou l’autre chacun l’a humilié. Une serveuse reconnaît dans un client l’homme abject qui a poussé son père au suicide. Le conducteur d’une guimbarde poussive refuse de se laisser doubler par Diego, au volant d’une puissante berline. À cause d’une mise en fourrière qu’il estime injustifiée, Simon, ingénieur en explosifs, manque l’anniversaire de sa fille. Pour éviter la prison à son fils chauffard, un homme d’affaires soudoie son employé de maison pour qu’il endosse la responsabilité de l’accident mortel. Le jour de leurs noces, Romina comprend qu’Ariel l’a trompée avec l’une des invitées…
Mauvais esprit
Produit par Augustin et Pedro Almodóvar – un bon signe ! –, le premier film de l’Argentin Damián Szifrón enchaîne dans ces six sketches de banales situations du quotidien qui dérapent vers un déchaînement de violence, qu’elle soit verbale, mentale ou physique. Les personnages hauts en couleur libèrent leurs plus bas instincts pour assouvir une inextinguible soif de vengeance. Plébiscité à sa sortie par le public, mais aussi par la critique, ce sommet de mauvais esprit à la portée universelle livre le tableau peu reluisant d’une société gangrénée tout autant par l’arbitraire, la corruption et l’arrogance de sa classe dominante que par l’irrépressible pulsion des plus faibles à relever la tête et cesser de se soumettre.
Relatos salvajes de Damián Szifrón (Argentine/Espagne, 2014, 1h52mn, VF/VOSTF) – Scénario : Damián Szifrón, Germán Servidio – Avec : Ricardo Darín (Simon), María Marull (Isabel), Darío Grandinetti (Salgado), Juliette Zylberberg (la serveuse), Rita Cortesa (la cuisinière), Leonardo Sbaraglia (Diego), Oscar Martinez (Mauricio), Erica Rivas (Romina), Diego Gentile (Ariel) – Production : El Deseo, Telefe, Kramer & Sigman Films, en association avec Corner Producciones.
Meilleur film étranger, Bafta Awards 2016 – Meilleur film étranger en langue espagnole, Goya 2015.
Diffusé le mercredi 29 août à 20h55
D’après ARTE