Sortie en salles du film “La visita” réalisé par le Chilien Mauricio López Fernández

Cette semaine, nous vous invitions à découvrir le film La Visita du Chilien Mauricio López Fernández. Présenté au festival Cinélatino à Toulouse en mars 2015, il sort ce mercredi en salles dans toute la France.

Après plusieurs années d’absence, Helena revient rendre visite à sa mère. Son père, ancien militaire, vient de mourir et elle rentre pour assister à ses funérailles. Mais pas seulement ! Lorsqu’elle a quitté cette maison bourgeoise de province chilienne elle… il s’appelait Felipe. Pourtant c’est bien une jeune femme qui frappe à la porte en s’annonçant “Maman, c’est moi”. Pour Coya, le choc est rude. Peut-être s’en doutait-elle, peut- être le savait-elle, mais là, ça y est, il lui faut affronter le regard des autres et apprendre à accepter cette fille, et… peut être même à l’aimer. Et “les autres”, c’est cette famille bourgeoise et conservatrice pour laquelle elle travaille. Il y a là la grand-mère qui, cantonnée dans sa chambre, passe ses journées à gémir ; les parents ou plutôt la mère qui dirige tout son monde, faisant mine de ne pas savoir que son mari la trompe ; et enfin les enfants et leur innocence.

C’est, en particulier, à travers les yeux de l’un d’entre eux que Mauricio López Fernández, le réalisateur, va nous faire vivre trois jours de tension, de silences et de soupçons. Dans cette famille les idées sexistes perdurent, le père apprend à tirer à la carabine à son fils exclusivement et c’est naturellement des domestiques féminins qui s’occupent des enfants. L’arrivée d’Helena va bousculer tout cet équilibre, “la patronne” ira d’ailleurs jusqu’à lui interdire l’accès aux chambres des enfants.

Ce sont les regards de deux personnages qui sont séduisants : celui de Coya la mère qui, avec ses non-dits, doit faire face à deux “morts” – son mari et son fils – et la honte manifeste du début laisse peu à peu la place à une certaine connivence. Le deuxième regard, celui de l’enfant qui observe, plein de curiosité, l’intrusion d’Helena dans ce cocon familial, renvoie à la propre personnalité du réalisateur Mauricio López Fernández : “le personnage de l’enfant, c’est ma propre vision. C’est ce que j’ai vécu et que j’ai voulu transcrire. Bien que je vienne d’une famille très conservatrice j’ai toujours eu un esprit très ouvert et quand je me suis rendu compte que j’étais gay, j’ai vécu ce que cet enfant vit dans le film…”

Le film est réalisé avec beaucoup de sensibilité et de sobriété. L’élégance des plans contrastant avec le coté sombre de la société décrite. Un film à découvrir.

Alain LIATARD

Film La VisitaBande-annonce
Photo (CC) : Allociné