« Último Helecho » rencontre à la croisée des mythologies baroques et sud-américaines

Après le triomphe de Romances Inciertos, un autre Orlando en 2017, qui les avait réunis autour de trois figures espagnoles, François Chaignaud et Nina Laisné se retrouvent pour Último Helecho, une célébration souterraine à la croisée des mythologies baroques et sud-américaines. Pour Nina Laisné, qui présentait la saison dernière Como una baguala oscura, le folklore argentin est un territoire vivant, traversé d’identités plurielles.

Au centre de ce nouveau spectacle, né de nombreuses résidences de création depuis 2020, se forme un duo inédit : François Chaignaud et Nadia Larcher, chanteuse, compositrice et auteure argentine originaire de la province de Catamarca, et qui occupe une place de premier plan sur la scène musicale folklorique et expérimentale de Buenos Aires. Leur rencontre incarne un dialogue entre danse et chant, où les timbres androgynes se fondent et se heurtent, inspirés par les étreintes du chamamé ou les contrapunto du malambo.

Autour d’eux, huit musiciens mobiles font résonner zambas, chacareras et cuecas, reliant les traditions baroques aux racines populaires. Pensé comme un rituel en deux actes, Último Helecho passe d’une lente métamorphose minérale à un tourbillon d’énergie, où zapateos et processions fiévreuses convoquent une cosmogonie en mouvement. Une traversée hypnotique, entre opéra et fête dionysiaque, dans laquelle se devine l’écho du diable et du vent.

Dans un décor fascinant, une étrange concrétion rocheuse pose le cadre d’un voyage à la fois historique, fantastique et souterrain. Último Helecho puise ses racines dans les folklores argentin et péruvien, explorant les musiques et danses marquées par les traces des peuples indigènes opprimés par la colonisation. Fruit de la collaboration entre Nina Laisné, François Chaignaud et Nadia Larcher, ce duo performatif mêle danse et chant, accompagné de six instrumentistes traditionnels. Ensemble, ils interrogent la mémoire collective, croisant les influences du répertoire baroque, présent dans les rythmes, chants et gestes. À travers cette exploration, une puissante énergie tellurique se réveille, ouvrant la voie à la métamorphose et au dépassement. Sous la terre, dans les entrailles minérales, un dialogue entre les époques et les continents s’instaure, invitant les spectateurs à un voyage au-delà du réel, où rêve et illusion jaillissent à chaque instant.