Entre le 9 et le 13 juin 2025, la ville de Nice accueille la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC3). Co-organisée par la France et le Costa Rica, cette conférence veut replacer la protection des océans au cœur de la diplomatie mondiale. L’Amérique latine y joue un rôle clé, à la fois en tant que territoire vulnérable et acteur stratégique.
Des attentes politiques fortes
La présence d’environ 60 chefs d’État et de gouvernement, dont Emmanuel Macron, Javier Milei (Argentine), Gabriel Boric (Chili) ou encore Rodrigo Chaves (Costa Rica), atteste du poids croissant d’une forme de diplomatie climatique. Emmanuel Macron a salué une « victoire de la mobilisation collective » dans un discours dès l’ouverture du sommet. La diplomatie latino-américaine s’y affirme : le Costa Rica qui co-organise le sommet, est reconnu pour son rôle de pionnier en matière de conservation marine. Il porte l’exigence d’une ratification rapide du traité international sur la haute mer, adopté en 2023 mais qui attend toujours le consentement de 60 États, sachant que seuls 31 l’ont ratifié. Adopté en 2015 par l’assemblée générale des Nations unies, l’« objectif 14 » vise à « gérer durablement » et mieux protéger les écosystèmes marins des activités humaines. Parmi les dix-sept objectifs de développement durable établis par les Nations unies, l’objectif 14 est « l’un des plus sous-financés », regrette Gauthier Carle, directeur général adjoint de la Plateforme Océan et Climat.
L’Amérique latine : un acteur sous pression
Les pays d’Amérique latine disposent d’un espace maritime immense et riche en biodiversité mais exposé à de multiples menaces : pollution plastique, chalutage de fond, pêche industrielle souvent illégale. La zone du Pacifique Sud est l’une des plus touchée par ces phénomènes, avec des conséquences pratiques tel que l’effondrement des stocks d’anchois, ressource essentielle pour l’économie régionale. Le président argentin Javier Milei, bien que défenseur du libéralisme économique, resserre les liens bilatéraux avec la France à Nice. Il a notamment évoqué avec Emmanuel Macron les questions énergétiques et environnementales, même si sans la protection de l’océan est loin d’être une priorité. En revanche, le Chili et l’Équateur apparaissent plus engagés, en plaidant pour l’extension des aires marines protégées et le renforcement de la surveillance des eaux internationales, par exemple avec la réserve des îles Galápagos.
La pression de la société civile
Le rôle de la société civile latino-américaine n’est pas à néglier. En effet, les pays du Sud rappellent que ce sont les grandes puissances économiques occidentales qui ont généré les pollutions affectant aujourd’hui les littoraux les plus fragiles. Ils demandent ainsi un financement équitable pour assurer la protection et la résilience de leurs espaces marins. De plus, de nombreuses ONG rappellent que les engagements ne suffisent plus. La situation des océans est critique (perte de biodiversité, acidification, vagues de chaleur, microplastiques). Le sommet de Nice pourrait devenir une étape décisive si les engagements se traduisent par des mesures concrètes comme la ratification du traité sur la haute mer ou le renforcement des mécanismes régionaux de coopération.
Mais il faut être prudent, car la conférence pourrait se limiter à un affichage politique sans mécanismes contraignants. Les États-Unis sont en outre les grands absents et la présidence de Trump est marquée par une réaction anti-environnementale. Fin avril, l’administration a autorisé l’exploitation minière des abysses hors de tout cadre international, menaçant un écosystème déjà fragile. En somme, L’UNOC3 place les puissances mondiales face à leurs responsabilités. Si une « déclaration de Nice » est publiée, reste à espérer qu’elle aura les financements, la gouvernance et le contrôle nécessaire.
Margot LEMAZURIER