COP30 au Brésil, entre ambitions climatiques et contradictions politiques

Pourtant, à l’approche de la COP30, le gouvernement brésilien multiplie les signaux contradictoires. L’agence fédérale IBAMA ( Instituto Brasileiro do Meio Ambiente e dos Recursos Naturais Renováveis) sous pression croissante du gouvernement, a récemment autorisé des forages pétroliers à seulement 160 km de l’embouchure de l’Amazone. Elle a également validé un projet de dynamitage sur 40 km du fleuve Tocantins, destiné à faciliter le transport du soja par barges, principalement à destination de la Chine. Parallèlement, le Congrès brésilien a voté fin mai une réforme controversée réduisant drastiquement les pouvoirs des agences environnementales. Elle permet notamment l’asphaltage de la route BR-319, un axe de 900 km traversant une région jusque-là peu touchée par la déforestation. Pour les ONG, cette réforme constitue une « bombe carbone » qui pourrait faire basculer l’Amazonie. Sans oublier que des tensions apparaissent au sein même du gouvernement. La ministre de l’Environnement, Marina Silva, semble de plus en plus mise de côté, alors que des ministres favorables au développement économique, comme celui des Transports Renan Filho, prennent le dessus. Face à ces contradictions, certains s’inquiètent. « Que va présenter le Brésil à la COP30 ? Encore une liste d’engagements en contradiction avec les actes posés sur le terrain ? », s’interroge Cleberson Zavaski, président de l’Association nationale des agents publics de l’environnement.

Alors que Lula espérait présenter une Amazonie en voie de régénération, les derniers chiffres font tache : la déforestation en Amazonie a augmenté de 9,1 % entre août 2024 et mai 2025, selon l’INPE. En mai dernier, 960 km² de forêt ont été détruits, soit presque l’équivalent de la superficie de Belém elle-même. Il s’agit du deuxième pire mois de mai depuis le début des relevés en 2016. Les incendies, souvent d’origine criminelle et favorisés par une sécheresse « sans précédent historique », ont lourdement contribué à ce recul. Plus inquiétant encore, 23,7 % des foyers de chaleur se trouvent désormais dans des zones de végétation indigène, mettant directement en danger les terres des peuples autochtones. Si d’autres biomes brésiliens, comme le Pantanal et le Cerrado, montrent des signes de mieux, c’est bien l’Amazonie qui concentrera tous les regards à Belém. Et les projections sont alarmantes : selon le réseau de l’Observatoire du climat, si la tendance actuelle se poursuit, le Brésil pourrait arriver à la COP30 avec un bilan annuel de déforestation en hausse, réduisant à néant les progrès proclamés.