Point de mi-mandat pour Luis Arce en Bolivie : querelles internes et difficultés économiques

Le président bolivien, Luis Arce, a célébré lundi ses deux ans et demi au pouvoir en réaffirmant son programme d' »industrialisation » pour la reconstruction économique, tandis que l’ancien président et chef du parti au pouvoir, Evo Morales, a appelé à des « mesures urgentes » pour améliorer l' »économie populaire ».

Photo : El Comercio

Sur les réseaux sociaux, le président Luis Arce écrit « Sœurs et frères boliviens, nous sommes arrivés à la moitié du chemin que, par la volonté de la majorité du peuple, nous avons commencé avec beaucoup d’espoir, mais aussi avec fermeté pour récupérer la santé, l’éducation et reconstruire une économie qui était à l’agonie. Nous sommes en train de le faire ». Le président a assuré que son administration travaillait « sans relâche » pour parvenir à une croissance économique accompagnée d’une « justice sociale » et que le pays se dirigeait « progressivement vers l’industrialisation avec substitution des importations ». « Nous sommes le gouvernement du peuple, nous sommes le gouvernement de l’industrialisation, nous sommes le gouvernement qui génère plus d’opportunités pour tous, unis vers le bicentenaire », a-t-il conclu.

Le 1er mai, à l’occasion de la Journée internationale du travail, le président bolivien a défendu l’industrialisation comme un « besoin impératif de générer des emplois » et de donner une « valeur ajoutée » aux produits boliviens. M. Arce est devenu président de la Bolivie après avoir remporté plus de 55 % des voix lors des élections d’octobre 2020 et en pleine pandémie de covid-19.

En 2019, le pays est confronté à une crise après l’annulation des élections de cette année-là et la démission de Morales, qui dénonce un « coup d’État » à son encontre, tandis que l’opposition affirme que des fraudes ont été commises en sa faveur, ce qui a conduit à la mise en place d’un gouvernement de transition dirigé par Jeanine Áñez. Mme Áñez est emprisonnée depuis mars 2021 et a été condamnée à dix ans de prison l’année dernière, accusée de s’être positionnée dans la ligne de succession après la démission de M. Morales et d’autres hauts responsables du gouvernement.

M. Morales, qui est également président du Mouvement vers le socialisme (MAS) au pouvoir, a vivement critiqué la gestion économique de M. Arce et lui a demandé en mars dernier d’écarter du gouvernement les « orthodoxes » de l’économie bolivienne. L’ancien président a souligné lundi sur ses réseaux sociaux les deux ans et demi d’administration de M. Arce et a réitéré son appel à la tenue d’un « Sommet de l’unité nationale » afin de prendre « des mesures urgentes pour récupérer le renforcement de l’économie populaire ». Ce week-end, M. Morales a également qualifié d' »intéressant » le plan d' »industrialisation » de M. Arce et a recommandé qu’en plus des quarante-sept « petites » usines que son administration cherche à construire, des « secteurs stratégiques » tels que le lithium, les mines et l’alimentation soient pris en compte et qu’il s’agisse là d’une « véritable industrialisation ».

Dans son émission de radio Kawsachun Coca, Morales a déclaré qu’il avait déjà signalé à Arce qu’il lui avait montré comment l’industrialisation des engrais était en réalité un « mélange » d’urée et de chlorure de potassium, et qu’il avait dit au président qu’il ne pouvait pas dire de « demi-vérités » au peuple. M. Arce arrive à la moitié de son mandat dans un contexte d’incertitude en Bolivie en raison de la baisse des réserves internationales nettes (RIN), d’une pénurie de dollars et des rapports négatifs des agences de notation. Le mois dernier, le gouvernement a admis qu’il « surmontait » les difficultés économiques et a insisté sur l’importance de l’adoption de plusieurs projets de loi tels que le projet de loi sur l’or, qui a finalement été promulgué vendredi dernier.

À noter également qu’il y’a quelques jours, un ministre du gouvernement Arce a du présenter sa démission suite à des accusations de corruption. Il s’agit de Juan Santos Cruz, ministre de l’Environnement et de l’eau, qui fait l’objet d’une enquête pour avoir acquis une trentaine de biens immobiliers grâce à des pots-de-vin.

D’après Infobae