Brésil : dix choses à savoir sur Marina Silva, ministre de l’Environnement du président Lula da Silva

Le dirigeant du géant latino-américain, investi dimanche 1er janvier dernier pour un troisième mandat, a renoué avec la célèbre activiste écologiste, qui a déjà occupé ce poste clé de 2003 à 2008 lors de ses premières présidences. Cette figure de proue de la protection de l’Amazonie aura fort à faire après le saccage des années Bolsonaro. Nous reproduisons ici dix mots-clés sur Marina publié la semaine dernière par l’Obs.

Photo : Veja

1. « Seringueiros »

Maria Osmarina da Silva naît le 8 février 1958 dans une communauté de seringueiros (ouvriers collecteurs du latex d’hévéa) d’un village de l’Acre, un État de l’Amazonie. Atteinte d’une grave hépatite à l’âge de 15 ans, elle est envoyée en ville pour être soignée. Elle accède aux études en entrant temporairement dans un couvent et sort de l’illettrisme.

2. Chico Mendes

Elle poursuit ses études et obtient un diplôme en histoire. C’est sa rencontre avec le légendaire leader syndical des seringueiros et militant écologiste Chico Mendes (assassiné en 1988 sur ordre d’un riche propriétaire terrien) qui la fera entrer en politique. Députée de l’Acre, elle devient à 36 ans la plus jeune sénatrice jamais élue au Brésil.

3. Efficacité

Nommée ministre de l’Environnement de Lula en 2003, elle fait preuve d’une efficacité redoutable. En 2005, son plan de création d’une énorme réserve naturelle déclenche une série d’actions des éleveurs et fermiers, qui menacent : « Le sang va couler. » On lui doit largement le bilan positif des deux premières présidences de Lula : une réduction de 76 % de la déforestation.

4. Démission

La tiédeur croissante de Lula, pendant sa deuxième présidence, vis-à-vis de l’environnement, provoque des clashs de plus en plus fréquents avec sa ministre. La goutte d’eau qui fait déborder le vase : le feu vert donné au complexe de barrage hydroélectrique de Belo Monte, qui inondera plus de 500 kilomètres carrés de jungle. En mai 2008, Marina Silva démissionne du gouvernement.

5. Dilma

Ayant quitté en 2009 le Parti des travailleurs (PT), elle se présentera trois fois à la présidence du Brésil, récoltant quelque 20 % des voix à deux reprises. Son ennemie jurée : Dilma Rousseff, ministre des Mines et de l’Énergie – quand elle-même était au gouvernement – et héritière désignée de Lula pour la présidence. Après l’avoir affrontée dans les urnes, Marina Silva votera pour sa destitution, en 2016. Ce qui lui vaudra de solides inimitiés au sein du PT.

6. Évangélique

Elle fait partie du mouvement évangélique, dont une grande partie des leaders s’étaient ralliés à l’ex-président Jair Bolsonaro. À 16 ans, elle est initiée à la théologie de la libération, un mouvement catholique de gauche, par la Congrégation des esclaves de Marie. Elle est aujourd’hui une fidèle de l’Assemblée de Dieu, l’Église pentecôtiste la plus puissante du Brésil.

7. Alliée

Marina Silva et Lula ne se sont plus parlé pendant des années. Il aura fallu la condamnation puis l’emprisonnement de l’ex-président pour qu’ils se rapprochent. Leurs origines très modestes et leur incroyable ténacité en font des alliés logiques. Mais le facteur décisif, pour Marina Silva, a été l’engagement de Lula de faire de l’Amazonie et de la lutte contre la crise climatique une véritable priorité.

8. Super-ministre

Plus question, cette fois, d’être titulaire d’un portefeuille de l’Environnement s’arrêtant aux frontières du ministère. En octobre, elle confiait à l’Obs : « La protection de l’Amazonie devra nécessairement être une politique transversale qui passe par tous les ministères. L’Environnement, l’Agriculture, les Transports, l’Énergie, tous doivent être imprégnés du principe de la préservation des forêts. »

9. « Déforestation zéro »

« Nous ferons ce qu’il faut pour parvenir à une déforestation zéro », a indiqué Lula mi-novembre à la COP27 à Charm el-Cheikh, en Égypte. « Il est parfaitement possible de revenir à la déforestation zéro, en faisant revivre un plan qui a déjà fonctionné, en actualisant ce plan, en remettant les budgets et les équipes en place, en renforçant nos systèmes d’application, de suivi et de gestion », confirme Marina Silva.

10. Crime organisé

Une différence de taille avec les deux premières présidences Lula : l’emprise du crime organisé sur l’Amazonie, les mafias contrôlant à la fois les divers trafics et les hommes politiques locaux. Parmi les États aux mains de politiciens alliés à Bolsonaro, dont la présidence a entraîné une hausse moyenne de 60 % de la déforestation par rapport aux quatre années précédentes : l’Acre, l’État natal de Marina Silva.

L’Obs