Le sommet Brésil-Caraïbes s’est déroulé dans la capitale brésilienne les 13 et 14 juin 2025 au palais d’Itamaraty, siège du ministère des affaires étrangères. Sous l’initiative du président brésilien Lula, ce sommet avait pour but de renforcer les liens entre la Communauté Caribéenne (CARICOM) et le Brésil en abordant plusieurs thématiques dont la situation de crise en Haïti en premier lieu.
Photo : Lucio Tavora
Le sommet Brésil-Caraïbes est un évènement organisé par le Brésil pour renforcer les relations avec les nations caribéennes derrière le slogan “Moving Closer to Unite” (“s’assembler pour s’unir”). Les hautes autorités (chefs d’Etat ou ministres des Affaires étrangères) des quinze Etats membres de la Communauté Caribéenne ainsi que ceux de la République Dominicaine et de Cuba en tant qu’ invités étaient conviés par le Brésil afin de trouver une réponse collective face aux enjeux régionaux et globaux. Des représentants des organisations internationales ont également pris part aux discussions concernant les problématiques auxquelles la région est confrontée.
Au cours de ce sommet, cinq grandes thématiques ont dirigés les débats. Le dialogue mené par le Brésil et les nations caribéennes portant en premier lieu sur Haïti mais également sur les conséquences du changement climatique, la transition énergétique, la sécurité alimentaire ainsi que sur la connectivité entre le Brésil et les Caraïbes par voie terrestre, marine ou encore aérienne.
A propos du changement climatique, il est impératif que les Etats insulaires caribéens en développement puissent s’adapter aux risques toujours plus nombreux qui menacent leur existence. Le Brésil plaide également en faveur d’une compensation des dommages infligés par les évènements météorologiques extrêmes qui frappent régulièrement la région caribéenne. Des demandes similaires sont à prévoir lors de la COP 30 prévue dans la ville brésilienne de Belém en novembre prochain.
En termes de transition énergétique, il faut noter que les Caraïbes disposent d’un potentiel énergétique important avec l’éolienne et le solaire. Ce sommet est l’occasion de promouvoir les énergies propres pour des nations en mesure de mettre en place une production plus respectueuse de l’environnement. Quant à la sécurité alimentaire, la faim concerne plusieurs millions de personnes dans la région caribéenne. Ainsi, la coopération Sud-Sud prônée par le Brésil est indispensable au renforcement des systèmes alimentaires durables. D’autre part, le président Lula cherche également à consolider les liens avec la région en encourageant la connectivité pour une meilleure intégration régionale.
Au-delà de ces réflexions, le sujet principal des discussions était l’amélioration de la situation en Haïti. Dès l’ouverture du sommet, Lula a réaffirmé la solidarité du Brésil envers le peuple haïtien, frappé par une crise sécuritaire, sociale et humanitaire sans précédent. Mais ce soutien doit s’exprimer concrètement et pour cela des mesures symboliques sont encouragées. Premièrement, le président brésilien a réitéré son souhait que la France rembourse la dette dite de l’“indemnité de l’indépendance”, imposée par celle-ci en 1825 aux haïtiens. Equivalente à 150 millions d’euros, cette dette a paralysé l’économie haïtienne durant plus d’un siècle et empêché le pays de se développer.
En dehors de l’aspect historique, il faut agir rapidement pour enrayer la crise dans la perle des Antilles. Ainsi, dans le cadre d’un programme de coopération bilatérale, le Brésil a formé 400 agents de la Police Nationale d’Haïti pour faire face à la vague de violences en lien avec l’expansion des groupes criminels armés dans le pays. Le sommet a aussi permis de réaffirmer un soutien unanime de la CARICOM aux initiatives onusiennes en faveur d’Haïti, en particulier à la Mission multinationale d’appui à la sécurité, conduite par le Kenya. Cette mission, encore sous-financée, devrait selon Lula bénéficier d’un mandat renforcé et de moyens supplémentaires.
La Caricom a salué le fait qu’Haïti devienne le premier bénéficiaire du Fonds de l’Alliance globale pour la paix et la sécurité, un nouveau mécanisme multilatéral pour la stabilisation des États fragiles. Dans sa déclaration officielle, le président du Conseil présidentiel de transition haïtien, Fritz Alphonse Jean, a exprimé toute sa gratitude : « Nous remercions le président Lula pour son accueil chaleureux et son engagement sans faille auprès du peuple haïtien.« . Plongée dans une impasse politique prolongée et une instabilité sécuritaire croissante, Haïti voit dans ce sommet un signe d’espoir et de mobilisation régionale.
Martin PERILLAT