« Des vivants » replonge dans l’horreur du Bataclan série sur France Télévision

Le 13 novembre 2015, au Bataclan, David, Stéphane, Arnaud, Marie, Sébastien, Grégory et Caroline scellent à jamais leur destin commun. Ils font partie des onze otages retenus plus de 2 heures 30 par deux des terroristes, dans un étroit couloir, sous la menace de leurs armes. C’est l’assaut, donné par la BRI, à 0 h 18, qui les libère. Entre-temps, ils ont vécu la peur de mourir, les insultes, la terreur… Peu après le drame, ils ont eu besoin de se revoir, de se retrouver : Arnaud et Marie (Benjamin Lavernhe et Alix Poisson) sont mariés, Grégory et Caroline (Antoine Reinartz et Anne Steffens), amis. Les autres ne se connaissaient pas, mais ensemble, ils sont devenus des « potages », contraction de « potes » et « otages ». Ces rencontres ont rythmé leur vie et nourri une lente reconstruction. C’est cette force particulière, ces liens que personne d’autre ne pouvait comprendre, que voulait montrer le réalisateur Jean-Xavier de Lestrade.

La série Des vivants est bien plus qu’un hommage aux 90 personnes tuées au Bataclan, il y a dix ans. Elle est un choc sur les séquelles de tous les autres, ceux qui ont survécu. La difficulté de vivre avec ce cauchemar. On suit sept personnes après les événements. Elles ont été prises en otage par deux des trois membres du commando, dans un petit couloir au niveau du balcon, et sont sorties vivantes. La série commence à ce moment-là, sur le trottoir où ils retrouvent la liberté, ébahis, titubants, les vêtements en sang.

On les accompagne ensuite sur plusieurs années. Au début, ils ne trouvaient personne à qui parler. Ils se sont donc rapprochés, comme le confie le réalisateur Jean-Xavier de Lestrade : « Très vite, ils se sont sentis seuls, même s’ils pouvaient raconter les choses, à leur famille ou à leurs proches. Seuls parce qu’ils se sentaient presque rejetés. On les écoute et au bout d’un moment on leur dit qu’il faut passer à autre chose. » La série n’est pas une reconstitution de l’attaque du Bataclan, même si on y assiste par bribes. Il s’agit surtout de suivre le chemin mental de ces hommes et femmes qui tentent péniblement de reconstituer les événements et de reconstruire leur vie. « Le cerveau humain est un outil extraordinaire, explique le réalisateur. Parfois, il se ferme et il oublie, c’est la mémoire traumatique : cela permet de survivre aux événements. Eux, ont besoin d’être ensemble pour recoller les morceaux. Chacun a un bout de l’histoire à partager. »

Jean Xavier de Lestrade n’oublie cependant pas les morts du Bataclan. Il reconstitue donc la première cérémonie, un an après l’attaque : « Il fallait que les tués soient présents dans la série, qu’on puisse leur rendre hommage. On entend les noms des 90 victimes, j’y tenais vraiment. C’est une scène assez longue et inédite, un moment où la fiction et la réalité se rejoignent d’une manière singulière. » Des vivants, une série puissante, digne, magnifiquement emmenée par de formidables comédiens dont Alix Poisson et Benjamin Lavernhe de la Comédie française. Huit épisodes sur la plateforme France.tv

https://www.france.tv/france-2/des-vivants