Lula en France, une visite d’État du président brésilien dans un contexte international tendu 

Deux ans après la dernière visite officielle de Lula en juin 2023, le président est cette fois-ci invité dans le cadre d’une visite d’État, rendez-vous suivant une procédure particulière et qui n’avait pas eu lieu depuis 2012 entre la France et le Brésil.  Cette visite officielle se fait en amont de la troisième conférence de l’ONU sur les océans (ONUC3), prévue à Nice du 9 au 13 juin et à laquelle Lula participera. Les deux chefs d’État dîneront ensemble après la réception de Lula dans la cour d’honneur de l’Esplanade des Invalides à Paris. Cette rencontre leur permettra d’aborder des questions bilatérales et des sujets internationaux dans un contexte ébranlé par les surtaxes douanières de Trump ainsi que les guerres en Ukraine et au Proche-Orient. Le renfort des relations est essentiel selon les deux présidents un an après la dernière visite d’Emmanuel Macron au Brésil en mars 2024, lors de laquelle un plan d’action bilatéral sur des domaines variés tels que la coopération économique, la transition énergétique et la culture, ou encore la coopération juridique en matière pénale, avaient été signés. 

Pour le président français, il faut réaffirmer les relations avec les pays émergents du bloc des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). La France compte en effet sur le Brésil qui a reconnu l’État palestinien en décembre 2010, sous la présidence de Lula. De plus, la relation Brésil-Palestine a été réaffirmée par le dirigeant brésilen ce mardi lors d’une conférence de presse à Brasilia, quelques heures avant son voyage pour Paris : “Il n’y aura pas de paix tant que qu’on n’aura pas conscience que le peuple palestinien a droit à son Etat » . Emmanuel Macron compte sur le rôle actif du Brésil dans son soutien à la Palestine en vu de la conférence organisée par la France et l’Arabie saoudite à l’ONU mi-juin, visant à redonner un élan à une solution politique au conflit israélo-palestinien.

Concernant l’Ukraine, le président brésilien plaide pour la paix mais ne prend parti ni pour l’Ukraine ni pour la Russie. Sa visite à Moscou le 9 mai pour les commémorations de la victoire contre l’Allemagne nazie, où il a été reçu par le président russe Vladimir Poutine, en témoigne. Il a cependant affirmé dans une interview accordée au Monde à quelques jours de sa visite en France que “Poutine sait qu’il n’obtiendra pas tout, et Zelensky aussi. Asseyons-nous, discutons. Assez de bombes, de morts, de destructions”.  Cette rencontre fera l’objet également de négociations pour relancer l’accord entre l’Union Européenne et le Mercado Comun del Sur (Mercosur) auquel Paris s’oppose. Cet accord permettrait cependant un export plus facile de l’automobile, des vêtements ou encore des produits pharmaceutiques pour les pays européens.            

La visite coïncide également avec la Saison France-Brésil 2025, une programmation culturelle créée conjointement par des établissements français et brésiliens. Elle se déroule en deux volets : d’avril à septembre 2025, la France accueille des événements mettant en avant la culture brésilienne.D’août à décembre 2025, le Brésil met à l’honneur la culture française. Cette visite tend ainsi à renforcer les échanges artistiques et culturels entre les deux nations. C’est en ce sens que Lula recevra un hommage à l’Académie française. Avant lui, seul le président brésilien Dom Pedro II avait reçu cet honneur.  Sur le plan économique, le programme de la visite prévoit la venue de Lula au forum économique Brésil-France à Monaco le 8 juin, après avoir visité la base navale de la Marine française à Toulon, dans le sud de la France. 

Enfin, les questions écologiques seront abordées, d’autant plus que cette visite se tient trois jours avant la troisième conférence de l’ONU sur les océans à Nice à partir du 9 juin. L’ONUC3 est prévue afin d’encourager des actions plus poussées en termes de conservation et d’utilisation durable des océans à laquelle le président français sera également présent. Une belle manière d’aborder la question climatique avant la conférence de l’ONU sur le climat (COP30) qui se déroulera au nord du Brésil, à Belem en novembre 2025. Le problème de l’exploration des réserves de pétrole off-shore situé à proximité de l’Amazonie et auquel Lula ne compte pas renoncer devrait notamment être abordé.