«Géopolitique de l’Amérique latine», les analyses du dernier numéro de la revue Hérodote

La revue Hérodote, créée et dirigée par Yves Lacoste depuis 1976, trimestrielle, s’efforce de promouvoir une géographie d’action et une conception nouvelle et globale de la géopolitique. Dans le cadre de numéros thématiques et en faisant appel à des spécialistes reconnus, elle poursuit sa lecture exigeante d’un monde qui devient de plus en plus complexe. Avec ce dernier numéro paru en ce début d’année, elle se consacre à la «Géopolitique de l’Amérique latine».

Photo : Hérodote

En 2006, Hérodote publiait Amérique latine : nouvelle géopolitique. Nouvelle, parce qu’au libéralisme triomphant des années 1990 succédait une période favorable aux gouvernements de gauche. C’est le temps du retour de l’État, du nationalisme économique. Toutefois, Hérodote restait plutôt circonspect et à juste titre au vu de l’actualité.

La situation vénézuélienne est des plus catastrophiques comme le prouve l’exil d’une partie de la population qui touche désormais toutes les classes sociales qui fuient la pauvreté, les pénuries alimentaires et de médicaments. La situation géopolitique des États de l’Amérique centrale est tout aussi préoccupante : crises politiques à répétition, situation économique dégradée qui pousse à l’émigration vers le Mexique en espérant atteindre les États-Unis. En revanche, la situation de la Colombie paraît se normaliser depuis l’accord signé en août 2016 à La Havane avec les Farc.

Un point commun réunit tous ces États d’Amérique latine, c’est la place de la Chine dans leurs économies de rente. Les gouvernements de gauche latino-américains pensant se libérer de l’impérialisme étasunien se sont tournés avec enthousiasme vers la Chine, perçue comme un État ayant appartenu dans un passé pas si lointain au tiers-monde, tout comme eux, et hostile aux États Unis, sans peut-être mesurer leur passage à une autre forme d’hégémonie économique.

Les résultats des présidentielles brésiliennes ont stupéfié avec l’élection du candidat d’extrême droite, Jair Bolsonaro. Le besoin de sécurité et la volonté de sortir de la corruption massive des élites politiques précédentes expliquent ce mouvement de «dégagisme». Autre changement d’importance, religieux cette fois, la montée des Églises évangélistes au détriment de l’Église catholique même si le pape François, argentin d’origine, peut la limiter. C’est donc une fois encore à une nouvelle géopolitique de l’Amérique latine qu’est consacré ce numéro d’Hérodote.

Béatrice GIBLIN
D’après la revue Hérodote