L’ancien président Álvaro Uribe a été reconnu coupable cette semaine de fraude judiciaire et de corruption, et condamné à douze ans d’assignation à résidence, ce qui fait de lui le premier ancien président de l’histoire du pays à être reconnu coupable lors d’un procès.
Si la condamnation de l’ancien président est sans précédent dans ce pays andin, il n’en va pas de même dans la région latino-américaine en général, où plusieurs anciens dirigeants ont été condamnés pénalement. À 73 ans, Álvaro Uribe devient le premier ancien chef d’État colombien reconnu coupable dans un procès pénal. Il a été sommé de se présenter aux autorités de Rionegro, dans le département d’Antioquia, avant d’être immédiatement transféré à son domicile où il purge désormais sa peine.
Ce verdict fait suite à treize années de procédures judiciaires et à un procès de six mois. La défense d’Uribe a d’ores et déjà annoncé son intention de faire appel. L’affaire trouve son origine dans les accusations portées en 2012 par le sénateur de gauche Iván Cepeda, qui avait dénoncé les liens présumés entre Uribe et les milices paramilitaires d’extrême droite, notamment le groupe Bloque Metro. En tentant de discréditer Cepeda par une plainte pour diffamation, Uribe aurait orchestré une campagne de manipulation de témoins.
Le juge Sandra Liliana Heredia a estimé qu’il existait des preuves substantielles démontrant que l’ancien président a cherché à modifier les témoignages de paramilitaires impliqués dans des procès sensibles, dont celui de son propre frère, Santiago Uribe. Par ailleurs, le mandat d’Uribe (2002–2010), caractérisé par une lutte musclée contre les FARC, a été entaché par des accusations de violations graves des droits humains, notamment dans le scandale dit des “faux positifs”, où l’armée aurait exécuté des civils pour les présenter comme des guérilleros tués au combat. Près de 6 400 exécutions extrajudiciaires font l’objet d’enquêtes.
D’après Infobae