La photojournaliste palestinienne Fatma Hassouna, 25 ans, a été tuée avec dix de ses proches, dans un bombardement israélien sur sa maison familiale dans le quartier d’Al-Touffah, dans le nord de Gaza. Elle était l’héroïne d’un documentaire qui doit être projeté au Festival de Cannes cette semaine.
Elle documentait depuis octobre 2023 le quotidien des Gazaouis sous les bombes israéliennes. La photojournaliste palestinienne, Fatima Hassouna, 25 ans, a été tuée mercredi 16 avril dans un bombardement qui a touché sa maison familiale, dans le quartier d’Al-Touffah, dans le nord de Gaza. Dix membres de sa famille ont également péri dans l’explosion. Hasard du calendrier, plusieurs centaines de personnes s’étaient rassemblées au même moment à Paris et Marseille pour rendre hommage aux 200 journalistes tués à Gaza depuis le début de la guerre.
Contactée par Le Monde, l’armée israélienne a affirmé avoir ciblé « un membre du Hamas« impliqué « dans des attaques contre des soldats et des civils israéliens« , précisant « avoir pris des précautions pour éviter des victimes civiles ». « Son crime a été de tenir la chronique du génocide à travers des articles et des photos percutantes. Ce qu’un régime génocidaire ne peut pas permettre », a dénoncé Francesca Albanese, rapporteure spéciale des Nations unies sur les territoires palestiniens occupés.
Diplômée en multimédia du collège universitaire des sciences appliquées de Gaza, Fatima Hassouna publiait ses clichés sur son compte Instagram suivi par 35 000 personnes. En parallèle, elle donnait des ateliers d’écriture aux enfants dans une école du nord de Gaza. Récemment mariée, la jeune femme venait de faire l’objet d’un documentaire de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi intitulé « Put your soul on your hand and walk », dans lequel elle tenait le premier rôle. Un film qui sera présenté en avant-première au Festival de Cannes, dans la sélection « Acid » (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion).
« Ce n’est plus le même film que nous allons porter »
L’association lui a rendu hommage dans un communiqué : « Son sourire était aussi magique que sa ténacité : témoigner, photographier Gaza, distribuer des vivres malgré les bombes, le deuil et la faim. Son récit nous est parvenu, nous nous sommes réjouis à chacune de ses apparitions de la savoir vivante, nous avons craint pour elle. Hier, nous avons appris avec effroi qu’un missile israélien a ciblé son immeuble, et a tué Fatima et les membres de sa famille. […] Ce n’est plus le même film que nous allons porter, soutenir et présenter dans toutes les salles, en commençant par Cannes. » Dans une tribune publiée dans Libération, la réalisatrice du documentaire, Sepideh Farsi, a-t-elle aussi honoré le souvenir de Fatma Hassouna : « Je l’avais connue au hasard d’une présentation par un ami palestinien au Caire, alors que je cherchais désespérément le moyen de me rendre à Gaza, me heurtant à des routes bloquées. Je cherchais une réponse à une question à la fois simple et complexe. Comment tient-on sous le siège ? […] Alors, j’ai saisi la rencontre avec Fatma. Elle devint mes yeux à Gaza, et je fus une fenêtre ouverte sur le monde pour elle, le temps de ces échanges qui ont duré tout juste un an. »
D’après France24