La Chine accueille ce lundi 12 mai à Pékin plusieurs dirigeants latino-américains, à la veille d’un grand forum diplomatique qui vise à renforcer ses relations avec la région dans un contexte de tensions commerciales avec les Etats-Unis.
Le géant asiatique a intensifié ces dernières années sa coopération économicopolitique avec les pays d’Amérique latine et espère qu’ils feront front commun avec elle face à l’actuelle campagne de droits de douane du président américain Donald Trump. Les deux tiers des pays latino-américains ont déjà adhéré aux « Nouvelles routes de la soie », le grand programme commercial chinois de construction d’infrastructures (ponts, aéroports, ports, routes), mené principalement dans les nations en développement. Signe du poids grandissant du géant asiatique en Amérique latine : dans plusieurs pays de la région comme le Brésil, le Pérou ou le Chili, la Chine a supplanté les Etats-Unis comme premier partenaire commercial.
Ce rapprochement sera célébré mardi avec l’ouverture à Pékin du forum entre la Chine et la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes (Celac), un organisme intergouvernemental régional. Cette rencontre permettra de prendre le pouls des relations sino-latino-américaines, dans le contexte de la guerre commerciale lancée par Donald Trump et des pressions de Washington pour contrer l’influence de Pékin dans la région.
Lula invité
Des dirigeants latino-américains sont déjà présent en Chine, comme le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, arrivé samedi à Pékin pour une visite d’État de cinq jours. Depuis son retour au pouvoir début 2023, le dirigeant âgé de 79 ans s’efforce d’améliorer les relations de son pays à la fois avec Pékin et Washington. Symbole de relations bilatérales au beau fixe, les exportations brésiliennes vers la Chine ont dépassé les 94 milliards de dollars l’an dernier, selon la base de données Comtrade des Nations unies.
Puissance agricole d’Amérique du Sud, le Brésil exporte principalement vers la Chine du soja et d’autres matières premières. Dans l’autre sens, le géant asiatique vend notamment des semi-conducteurs, des téléphones, des véhicules et des médicaments. Lundi, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a rencontré à Pékin ses homologues cubain Bruno Rodríguez Parrilla, vénézuélien Yvan Gil, péruvien Elmer Schialer et uruguayen Mario Lubetkin. Ils se sont entretenus à Diaoyutai, grand complexe composé de bâtiments officiels, de jardins et de lacs où sont accueillis les invités de marque. Parmi les autres participants attendus au forum Chine-Celac figurent le président colombien Gustavo Petro et son homologue chilien Gabriel Boric.
« Arrière-cour »
La semaine dernière, Gustavo Petro a annoncé qu’il signerait une lettre d’intention pour que son pays rejoigne les « Nouvelles routes de la soie » lors de son voyage en Chine. Axe central de la stratégie de Pékin depuis 2013 pour accroître son influence à l’étranger, ce programme, de son nom officiel « La Ceinture et la Route », auquel plus d’une centaine de pays ont adhéré, vise notamment à construire des infrastructures maritimes, routières et ferroviaires. Le président chinois Xi Jinping doit par ailleurs s’exprimer mardi lors de la cérémonie d’ouverture du forum Chine-Celac.
Un haut responsable du ministère chinois des Affaires étrangères, Miao Deyu, a affirmé dimanche que Pékin avait « toujours abordé le développement des relations sino-latino-américaines dans une perspective stratégique et à long terme ». « Les peuples d’Amérique latine et des Caraïbes entendent construire leur propre destin, et non servir d’arrière-cour à quelque pays que ce soit », a-t-il déclaré devant la presse, dans une claire référence aux États-Unis.
Face aux droits de douane américains, la Chine est « prête à renforcer la communication et la coordination avec les pays latino-américains » pour « œuvrer ensemble contre l’unilatéralisme et l’intimidation économique », a-t-il ajouté.
Agence Chine