Les BRICS+ se présentent comme un groupe élargi de dix pays qui se réunissent en sommets annuels afin de constituer une plateforme de coopération entre économies émergentes face au Groupe des sept (G7).
Les BRICS+ représentent en janvier 2025 près de la moitié de la population mondiale et 35 % du produit intérieur brut mondial en valeur courante contre 44 % pour le G7 alors que ces derniers ne représentent qu’environ 10 % de la population mondiale. Leur objectif est de former un contrepouvoir face à l’influence occidentale sur le modèle d’un monde multipolaire en promouvant l’utilisation d’une monnaie parallèle au dollar par exemple. En plus des membres fondateurs (le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud) l’Iran, l’Égypte, les Émirats Arabes Unis, l’Indonésie et l’Éthiopie ont rejoint l’organisation. Cette année, à Rio de Janeiro, les BRICS+ ont aussi été accompagnés de nouveaux membres (l’Arabie Saoudite, Cuba, la Biélorussie, le Kazakhstan, la Malaisie, le Nigéria, la Thaïlande, l’Ouganda, la Bolivie et l’Ouzbékistan).
Cependant, Donald Trump a su jouer, depuis le début de son mandat, sur les intérêts personnels de chaque pays et a déstabilisé l’économie des pays dont le gouvernement lui était hostile. Dès le mois de février 2025, alors que Trump élevait les taxes pour presque tous ses partenaires commerciaux, il a reçu le président indien Narendra Modi à la Maison Blanche afin de relancer la coopération commerciale, énergétique et défensive des deux pays. D’un autre côté, l’administration Trump a critiqué le traitement des fermiers blancs en Afrique du Sud en mettant l’accent sur la redistribution de terres volées sans compensation financière.
De même, la guerre d’influence entre les États-Unis et la Chine a contribué à diviser les membres de la BRICS+ sur des sujets commerciaux et politiques. La puissance communiste est pour l’heure le seul pays à répondre à Trump avec des tarifs douaniers élevés. Toutefois il n’a pas réussi à emmener avec lui les autres membres de la BRICS+. L’Inde, par exemple, ainsi que le Brésil en moindre mesure, a voulu éviter la confrontation avec les Etats-Unis. Au sujet de la Russie, Trump s’est présenté comme un arbitre en faveur de Vladimir Poutine dans la résolution de ce conflit. En effet, le locataire de la Maison Blanche pourrait contribuer à mettre fin à la guerre en excluant l’Ukraine de l’OTAN. Luiz Inácio Lula da Silva, de son côté, a émis la timide résolution d’appliquer, en temps voulu, des tarifs douaniers élevés en défaveur de son voisin étasunien.
Le sommet annuel des BRICS+ à Rio de Janeiro se solde ainsi par un échec et révèle la fragilité de ce groupe. Donald Trump, fort de son expérience, a exploité les enjeux politiques et commerciaux des différents membres de la BRICS+ afin d’asseoir sa politique. En ce début du mois de mai 2025, il a remis en doute le futur d’une organisation qui, depuis 2009, cherche à se soustraire de la domination étatsunienne.
Lucas LEMOINE