Le festival Cinélatino de Toulouse vient d’achever le 36e rencontres qui depuis sa création, chaque année, il réussi a maintenir la même alchimie entre un événement culturel, convivial, exigeant et une plateforme professionnelle performante avec des compétitions, éclectiques et rigoureuses qui révèlent les nouveaux talents latino-américains aux côtés des réalisateurs reconnus. Chaque année le festival édite une revue dont la dernière, est désormais toute en couleur. Voici l’éditorial.
Photo : DR
« Quand en 1934 est montré le premier film couleur attesté, l’œil des spectateurs a soudain compris que le monde offrait par caméra interposée, la caméra Technicolor trichrome, l’incroyable diversité de ses nuances colorées. Depuis quelques années, la présence de la couleur dans notre revue se limitait à sa couverture, soigneusement composée par notre graphiste qui a pesé sur la décision finale de l’étendre à l’ensemble du numéro. Vous feuilletez donc aujourd’hui le nouvel exemplaire de la revue qui entre dans son histoire colorée.
Cette année, celui-ci accueille un vaste ensemble du cinéma latino-américain au travail, depuis Cuba et l’isthme centraméricain jusqu’au Cône Sud chilien. Ce sont les réalisatrices d’Amérique centrale, Valentina Maurel, Paz Fábrega, Alexandra Latishev, Laura Baumeister ou encore Camila Urrutia présentées dans leurs singularités ; le Chili de la terreur sous Pinochet dans l’œil de Pablo Larraín avec El Conde, ici controversé. L’œuvre ultime réalisée en exil, Inside Downtownde Nicolás Guillén Landrián un artiste mal-aimé de la révolution cubaine, après un article étendu nous devient plus proche. Nous n’oublions pas l’anniversaire des 50 ans de la sortie du film visionnaire Iracema, uma transa amazônica des Brésiliens Jorge Bodanzky et Orlando Senna, ni le cinéma gothique et d’horreur mexicain, période dorée pour les réalisateurs Rafael Baledón, Fernando de Fuentes, Rogelio A. González ou Fernando Méndez. Enfin, nous est livré le récit de l’écriture et de la réalisation du dernier film de Luiz Fernando Carvalho A Paixão Segundo G.H., pari singulier qui s’appuie sur le livre homonyme réputé “inadaptable” de Clarice Lispector.
Ce numéro, fidèle à son projet initial, ambitieux, attentif à l’histoire et à l’actualité cinématographiques de ces pays, essaie une fois encore de rapprocher les deux rives de l’Atlantique. La nouvelle livraison d’articles ausculte ce continent qui reste furieusement vivant malgré les tourments qui l’accablent. Tourments qui à l’heure actuelle tentent d’affaiblir et de menacer par des restrictions ou des suppressions budgétaires, les nombreuses pratiques culturelles dont le cinéma, principale activité artistique et économique n’est qu’un des aspects. L’exemple argentin récent à l’encontre de l’INCAA (Institut national du cinéma et des arts audiovisuels) est révélateur des solutions apportées pour le redressement supposé d’un pays. Méfions nous des fossoyeurs qui professent ces méthodes radicales tellement novatrices, mais tellement ordinaires.
La générosité des rédacteurs et des rédactrices qui partagent leurs savoirs, leurs travaux et leurs réflexions ne se dément pas. Merci à elles et eux. Comme le cinéma salamandre de Paul Leduc, la revue Cinémas d’Amérique latine est toujours vivante, résistante et embellie.
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