L’ancien vice-président du Venezuela, au cœur d’un scandale de corruption, a été arrêté

Tareck El Aissami a été arrêté à Caracas mardi 9 avril 2024 avec une cinquantaine d’autres personnes. Il est accusé de corruption et de détournement de fonds.

Photo : DR

Il a été un des hommes les plus puissants du Venezuela proche du défunt et charismatique président Hugo Chávez puis de son successeur Nicolás Maduro. Désormais Tareck El Aissami, 49 ans, dort en prison, accusé de tirer les ficelles de l’un des plus grands « systèmes de corruption » de l’industrie pétrolière. Il avait démissionné l’an dernier de son poste de ministre du Pétrole (2020-2023), après la révélation d’un énorme scandale de corruption au sein de PDVSA (Pétroles du Venezuela SA), le géant pétrolier étatique.

Pour tenter de contourner l’embargo pétrolier et les sanctions imposés par Washington contre le Venezuela, qui possède les plus grandes réserves de pétrole au monde, Caracas a fait le pari, à partir de 2020, de vendre son pétrole brut à travers le réseau des cryptomonnaies. Et le régime a placé un homme de confiance aux manettes : l’ancien vice-président du pays (2017-2018). Alors ministre du Pétrole, El Aissami, d’origine syro-libanaise, fait adopter une loi qui permettait de contourner certaines règles juridiques sans avoir à rendre de comptes. À l’époque, des experts avaient prévenu que la suppression de ces garde-fous offrait un terrain propice à la corruption. Selon Tarek William Saab, le procureur général en charge de l’affaire, les suspects arrêtés ont réalisé « des ventes en dessous de la valeur du marché et prélevé des commissions tout au long du processus de commercialisation ».

L’ancien ministre de l’Économie Simón Zerpa a également été arrêté et un autre ancien ministre du Pétrole et homme de confiance d’Hugo Chávez, Rafael Ramirez, est également accusé de malversations par le Venezuela qui réclame, jusqu’à présent sans succès, son extradition d’Italie, où il s’est enfui. Ils encourent trente ans de prison. Les autorités n’ont pas communiqué sur les sommes détournées mais elles seraient estimées, selon la presse et des experts à quinze milliards de dollars.

À moins de quatre mois de la présidentielle du 28 juillet prochain, cette vague d’arrestations ne tombe pas par hasard. Nicolás Maduro qui brigue un troisième mandat se devait de répondre aux critiques concernant la corruption dans le pays. Rien de mieux qu’une purge spectaculaire pour détourner l’attention. Et Tareck El Aissami était le fusible parfait.