L’émission Rembob’Ina sur LCP se plonge sur l’histoire du Chili

Le 3 décembre dernier Maria-Eugenia Mignot-Verscheure, exilée chilienne était l’invitée de l’émission Rembob’Ina animée par Patrick Cohen avec la projection du documentaire original et édifiant de l’espagnol José-Maria Berzosa, Monsieur le président, qui met en scène Pinochet piégé par le réalisateur en 1978, pour une série intitulée « Chili impressions » que l’ambassade du Chili à Paris avait tenté de faire censurer.

Photo : LCP

C’est une plongée dans l’histoire au travers des trésors cachés de la télévision. Fictions, documentaires, magazines d’actualité, émission de divertissements, débats politiques animé par Patrick Cohen qui nous invite à jeter un coup d´œil dans le rétroviseur de la petite lucarne. En présence d´acteurs ou de témoins de l’époque, de spécialistes des archives de l´INA, il revient sur les grandes heures de la télévision. Emblématiques ou polémiques, ces programmes ont marqué les esprits et l’histoire du petit écran.

Rembob’INA du dimanche 3 décembre, émission en ligne sur YouTube, nous plonge dans l’histoire du Chili, cinquante ans après le putsch qui a renversé le président Salvador Allende et installé le général Augusto Pinochet, en compagnie d’une militante de la gauche chilienne, exilée en France dès 1973. Au programme : Le président Salvador Allende interviewé par la télévision française après son élection mais avant son investiture en octobre 1970 ; un reportage à Santiago du Chili trois semaines après le coup d’état et la mort d’Allende, une capitale où on brûle des livres, où on dénonce et on arrête les opposants et où on les parque dans des stades ; Enfin, pièce maitresse de l’émission, un documentaire original et édifiant de l’espagnol José-Maria BerzosaMonsieur le président, qui met en scène Pinochet piégé par le réalisateur en 1978, pour une série intitulée Chili impressions que l’ambassade du Chili avait tenté de faire censurer. L’émission a invité à Richard Poirot de l’Institut National de l’Audiovisuel (INA) et María-Eugenia Mignot-Verscheure, exilée chilienne dont dans un article du Point raconte son histoire.

Il y a cinquante ans naissait à Santiago « Marie-France »… au milieu d’un coup d’État au Chili qui poussa sa famille à fuir, raconte à l’AFP sa mère, qui comme des milliers d’autres Sud-Américains, se remémore l’accueil chaleureux que lui fit l’Hexagone des années 1970-1980. Le 11 septembre 1973, le général Augusto Pinochet prend le pouvoir en renversant le président Salvador Allende, qui se suicide dans le palais présidentiel bombardé. À Valparaiso, où elle habite, María Eugenia Mignot-Verscheure entend le « bruit d’un hélicoptère ». Les évènements s’enchaînent rapidement. Son frère la prévient qu’elle fait partie d’une « liste de personnes à emprisonner ». Épouse d’un Français, elle se réfugie avec lui quelques jours plus tard à l’ambassade de France à Santiago.

María Eugenia a alors 25 ans. Membre d’un parti soutenant le gauchiste Allende, elle voulait « résister au maximum ». Mais l’enfant qu’elle porte l’emporte sur son combat politique. Marie-France naît dans une clinique de la capitale chilienne grâce à « la protection de l’ambassade », dit la désormais septuagénaire, depuis son petit appartement parisien chargé de souvenirs. Un diplomate français la défend aussi à l’aéroport, quand un militaire fait descendre la famille de l’avion au motif que sa fille est « chilienne et ne dispose pas d’un sauf-conduit ». « Elle est Française et elle va en France », lui répond-il. « Ils n’ont pas osé nous emprisonner. Nous sommes remontés dans l’avion. Les portes se sont fermées et nous sommes arrivés en France », se souvient-elle. Est-ce en hommage à ce soutien que la petite s’est appelée Marie-France ? « Inconsciemment oui », sourit la retraitée, qui a prénommé sa deuxième fille María Paz (Marie Paix).

L’exil des Latino-Américains est raconté au Musée national de l’histoire de l’immigration, situé dans un palais Art déco parisien. Entre 1974 et 1979, la France a accueilli 15 000 réfugiés politiques brésiliens, argentins, uruguayens et surtout chiliens. Beaucoup d’autres sont arrivés ensuite. Alors que la société française se montre toujours plus hostile à l’immigration ces dernières décennies, Maria Eugenia et tous les exilés interrogés par l’AFP soulignent l’accueil « à bras ouverts » qu’ils ont reçu dans l’Hexagone.