Ébranlement de la démocratie équatorienne après l’assassinat du candidat à la présidence, Fernando Villavicencio

Le candidat à la présidentielle en Équateur, Fernando Villavicencio, deuxième dans les sondages, a été assassiné mercredi soir à la fin d’un rassemblement. L’état d’urgence a été décrété dans le pays. Il était l’un des huit candidats à l’élection présidentielle prévue le 20 août.

Photo : Agences

Le 10 août est une date historique en Équateur : elle commémore le premier soulèvement indépendantiste, le « Premier Cri d’Indépendance », en 1809. C’est donc une date qui comporte une forte symbolique démocratique. Or, que vient-il de se passer à Quito, capitale de l’Équateur, 214 ans après, le soir du 9 août (heure locale) ? Le pays vient d’être ébranlé par l’assassinat de Fernando Villavicencio, à la fin d’un rassemblement électoral, lorsqu’il sortait d’une salle de spectacle dans le nord de la capitale ; il était l’un des huit candidats à l’élection présidentielle anticipée du 20 août prochain. Les rafales d’armes automatiques qui ont visé Villavicencio à la tête rappellent la méthode des sicarios ou tueurs à gages, selon le journal de Guayaquil, El Universo

Le parquet a fait état de « neuf blessés, dont une candidate à l’Assemblée et deux policiers », en plus de la mort de l’un des assaillants, abattu par les forces de sécurité. Le médecin Carlos Figueroa, un ami de la victime présent sur les lieux au moment de l’assassinat, a indiqué à la presse qu’il avait entendu une trentaine de coups de feu. 

Fernando Villavicencio, âgé de 59 ans, journaliste et candidat du parti centriste de Guillermo Lasso, le président sortant, avait dit qu’il était menacé de mort par le leader du gang des Choneros, alias Fito, lié au narcotrafic qui depuis quelques années gangrène la société équatorienne, jusqu’alors relativement préservée par rapport aux pays voisins. « Malgré les nouvelles menaces, nous continuerons de lutter pour les braves gens de notre Équateur », avait alors écrit l’ex-député sur X, précisant avoir reçu une « menace gravissime ». Selon les derniers sondages, il était selon l’institut Cedatos en deuxième position avec 13 % des intentions de vote, derrière l’avocate Luisa González (26,6 %), proche de l’ex-président de gauche Rafael Correa. La date du premier tour est maintenue, ainsi que celle du second tour, prévue en octobre. 

« Je suis indigné et choqué par l’assassinat du candidat à la présidence Fernando Villavicencio », a écrit le président sortant Lasso sur X : « Je vous assure que ce crime ne restera pas impuni », a-t-il promis. « Le crime organisé est allé très loin, mais tout le poids de la loi s’abattra sur lui », a-t-il ajouté. Un état d’urgence d’une durée de soixante jours vient d’être décrété, ce qui implique que les Équatoriens devront voter le 20 août entourés, pour garantir leur sécurité physique, de militaires armés. Le souvenir des dictatures plane sur les esprits. 

Au-delà de la gravité de l’assassinat d’un candidat à la présidence à dix jours des élections, la mort de Villavicencio illustre la fragilité de la démocratie équatorienne ainsi que la puissance du crime organisé. Le nombre d’homicides pour 100 000 habitants s’est établi à 25 en 2022 dans le pays, presque le double par rapport à 2021. La violence s’est accrue dans ce pays andin de tradition pacifique.

Marlene MORET