« Tuer un homme » du Chilien Alejandro Fernández Almendras

Jorge est un homme honnête qui travaille dur pour faire vivre sa famille. Une nuit, il se fait insulter par une bande de jeunes gens, menée par un ancien délinquant du quartier. Son fils se fait à son tour agresser. La crainte et l’angoisse envahissent peu à peu la famille dont le quotidien devient infernal. 

Tuer un homme, troisième film d’Alejandro Fernández Almendras, a remporté le Grand Prix au festival de Sundance (World Dramatic), le prix de la presse au festival de Rotterdam en janvier 2014 et de nombreux autres prix.

Ce réalisateur chilien est très intéressant parce qu’il essaie d’approcher ses sujets chaque fois de manière différente : « Je pense sincèrement que chaque film appelle un style qui lui sera propre. Pour Huacho, mon premier film, j’avais besoin de rester très proche de mes personnages. Avec Près du feu, je voulais sentir l’homme face à la nature et aux saisons. Pour Tuer un homme, je voulais qu’on entre pleinement dans la tragédie. Le titre nous débarrasse de tout suspense. Ce n’est pas tant un film sur ce qui va arriver mais sur le voyage personnel du père de famille. Pour moi, c’est une sorte de western tragique. Le premier jour de tournage, en septembre 2012, tout le monde s’affairait à préparer le plateau et tout d’un coup, le personnage principal s’est retrouvé décadré, en bas du centre de l’image. Là, j’ai trouvé ce qu’il fallait au film. Le ciel était chargé de nuages colorés et j’avais un parfait sentiment de tragédie où le personnage était magnifiquement écrasé.

Comment avez-vous trouvé vos comédiens ?

La première idée était de travailler à nouveau avec Daniel Muñoz, qui jouait le personnage principal dans Près du feu, mais il était engagé pour la télévision. Je me suis alors souvenu d’un comédien à qui on avait confié un petit rôle. J’ai réalisé que le scénario lui allait parfaitement : il avait travaillé dans une scierie et savait parfaitement manier la tronçonneuse. Pour le rôle du méchant, j’avais repéré le comédien dans les films courts de mes étudiants : il est très grand, massif, et il fait peur rien qu’en le regardant.

On comprend que le réalisateur s’intéresse aux acteurs, presque tous non professionnels. Mais on comprend aussi et c’est ce qui fait la force de ses films, qu’il veille à l’image tournant ici, souvent de nuit et sans beaucoup de lumière Ainsi les plans sont souvent composés comme des tableaux.Un film à découvrir dès le 1er octobre. Signalons que Le Festival de Biarritz des Cinémas et Cultures d’Amérique Latine dure jusqu’à dimanche 4 octobre. Vous pouvez y voir de nombreux films, un focus sur le cinéma mexicain, des documentaires passionnants, des rencontres littéraires et beaucoup de musique. (1)

Le 15 octobre, vous pourrez voir le documentaire, Le sel de la terre de Wim Wenders et de Juliano Ribeiro Salgado sur le père de ce dernier, le photographe brésilien Sebastião Salgado. Depuis une quarantaine d’année, il photographie les travailleurs, les conflits comme celui du Rwanda, les famines, l’exode, les paysans sans terre, etc. Et toujours en noir et blanc. Son fils Juliano a filmé les dernières expéditions en couleurs, et Wenders, lui-même photographe, interroge l’artiste derrière une vitre où est projetée la photo. Son dernier album qu’il a mis huit ans à réaliser est consacré à la beauté de la nature.

Alain LIATARD

(1) SITE BIARRITZ