Présidentielles au Chili : Jeannette Jara et José Antonio Kast qualifiés au second tour le 16 décembre prochain

Jeannette Jara, la candidate de la coalition de gauche au pouvoir au Chili, a fini dimanche en tête du premier tour de l’élection présidentielle, devançant de peu le chef de file de l’extrême droite, José Antonio Kast. Après dépouillement des bulletins de vote, Jeannette Jara est créditée de 26,8 % des suffrages, contre 23,9 % pour José Antonio Kast, fondateur du Parti républicain. La candidate de la coalition de gauche devient ainsi très symboliquement le premier membre du Parti communiste chilien à accéder au second tour d’un scrutin présidentiel. Pour autant, la voie pour la présidence est loin d’être dégagée.

José Antonio Kast, semble malgré tout le mieux placé pour s’imposer lors du second tour, prévu le 14 décembre. Il pourrait en effet bénéficier du report des voix d’autres candidats conservateurs. Au total, les quatre candidats de droite ont réuni plus de 70 % des votes lors du premier tour, suggérant que José Antonio Kast devrait bénéficier d’un vaste soutien au prochain scrutin. Johannes Kaiser, ancien membre du Parti républicain devenu élu libertarien du Congrès, et Evelyn Matthei, ancienne ministre du Travail représentant la droite modérée, ont tous les deux exprimé dimanche soir leur soutien à José Antonio Kast après la publication des résultats partiels.

En tout état de cause, la possibilité d’une victoire de Jose Antonio Kast marquerait un virage à droite du pays sans précédent depuis la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990). « Un grand changement va se produire », a déclaré dimanche soir le chef de file de l’extrême droite à ses partisans, ajoutant qu’une « vraie victoire » interviendrait quand les autorités auront vaincu le crime organisé, fermé les frontières aux migrants sans-papiers et redynamisé le système de santé.

Signe du mécontentement des Chiliens face au statu quo, le candidat du Parti du peuple (centre droit), Franco Parisi, qui a proposé de poser des mines antipersonnel le long de la frontière nord du pays afin de dissuader les traversées de migrants, a terminé troisième du premier tour. Une position surprise puisqu’il bat toutes les estimations des instituts de sondage. Franco Parisi a été soutenu par les cols bleus du nord minier du Chili, dont un grand nombre fait preuve de défiance à l’égard des élites et des partis politiques traditionnels, et qui devraient désormais se tourner vers José Antonio Kast, estime Claudio Fuentes, expert en sciences politiques à l’université chilienne Diego Portales.

Consciente sans doute d’être en position de faiblesse, Jeannette Jara n’a pas manqué, dans sa première intervention, de saluer deux de ses adversaires battus, Franco Parisi et Eduardo Artés, dont elle espère, selon certains médias chiliens, un report de votes important lors du second tour. Elle a également mis en avant les projets des différents candidats distancés, leur assurant qu’elle pourrait les intégrer dans un éventuel gouvernement qu’elle dirigerait. Cependant, les sondages indiquent que Jeannette Jara serait battue par un candidat de droite ou d’extrême droite, du fait du report des voix. « Toutes les projections de son équipe tablaient sur plus de 30 % », explique-t-il, soulignant en outre que « l’ensemble des candidats de l’opposition la devancent de près du double ». L’ancienne ministre du Travail a exhorté les électeurs à ne pas laisser la montée de la criminalité les pousser vers l’extrême droite. « Ne laissez pas la peur endurcir vos cœurs », a-t-elle déclaré.