Au Chili, le musée de la Mémoire et des Droits Humains est inauguré en 2010 par la présidente Michelle Bachelet, une ancienne victime de la dictature de Pinochet. Il retrace l’Histoire des années sombres du pays en honorant les victimes.
L’Amérique du Sud, comme l’Europe, a eu son lot de dictatures au XXe siècle et les cicatrices des crimes contre l’humanité perpétrés sous le joug de dictateurs sans pitié peinent à se refermer. Se trouve au cœur de Santiago un lieu incontournable du souvenir pour toutes celles et ceux intéressés par la main de fer qu’avait le dictateur Augusto Pinochet sur le peuple chilien de 1973 à 1990. Loin d’être facile à arpenter, ce musée confronte à la dure réalité de ces dix-sept années de calvaire ponctuées de disparitions, de tortures et d’exécutions.
Commissions de vérité : quand les nations cherchent à panser leurs plaies
La vérité. C’est le maître mot qui suivra les visiteurs pour la totalité de leur parcours. Dès l’entrée, on retrouve une mappemonde avec des photos de violations des droits humains dans différents pays du monde avec juste en dessous des explications sur les commissions de vérité et de réconciliation de chacun de ces pays, dont le Chili. Ces dernières enquêtent sur les violations des droits humains commises lors de dictatures, de guerres civiles ou de répression politique afin d’aider la société à faire face à son passé, ce qui favorise la réconciliation nationale et évite la répétition des violences.
Le visiteur se retrouve ensuite face à une grande croix sous verre, sur laquelle on peut lire “N.N.”, qui signifie “No Name”. Ces croix étaient les seules sépultures auxquelles avaient droit les victimes de meurtre par la dictature, souvent enterrées anonymement dans des fosses communes, privées de toute reconnaissance officielle et de toute dignité. Cette anonymisation symbolise la volonté du régime d’effacer les personnes disparues ou assassinées, renforçant la douleur des familles et la nécessité de mémoire que le musée cherche à réparer.
11 septembre 1973 : revivre le jour du coup d’État de Pinochet
À l’étage, le parcours se fait plus immersif. Le visiteur est plongé dans la journée du 11 septembre 1973, de 5 h du matin à 22 h. Il est invité à (re)vivre le coup d’État ayant placé Augusto Pinochet à la tête de l’État chilien. Il est ensuite placé au cœur de la propagande pour justifier ledit coup militaire : sont exposés des documents et journaux d’octobre de la même année qui parlent d’un “Plan Z”, un supposé complot de la gauche qui prévoyait des assassinats politiques… les médias officiels ont donc participé à asseoir la légitimité de la dictature avec ces mensonges.
Il faut ensuite affronter la vue d’un lit métallique dénudé, surnommé parilla, qui était utilisé pour torturer par électrochoc les détenus. Les victimes étaient allongées et attachées sur le fer avant qu’on y connecte des câbles électrifiés, causant dans de nombreux cas des dommages irréparables dans les corps. Face à la violence de ces souvenirs, le Museo de la Memoria y los Derechos Humanos ne cherche pas à imposer le silence, mais à ouvrir un dialogue nécessaire entre passé et présent. En parcourant ces salles, le visiteur comprend que la mémoire n’est pas seulement un hommage aux victimes, mais aussi un rempart contre l’oubli et la répétition de l’histoire.
D’après Géo
Musée de la Mémoire : https://mmdh.cl/