Mardi 10 juin, Jair Bolsonaro, ancien président d’extrême droite, a comparu devant la Cour suprême dans le cadre d’un procès pour tentative de cout d’État. À 70 ans, il est accusé d’avoir conspiré pour renverser les résultats de l’élection présidentielle de 2022, remportée par son rival de gauche Luiz Inácio Lula da Silva.
Photo : France 24
L’audition de Jair Bolsonaro est menée par le juge Alexandre de Moraes, cible récurrente de l’ancien président qui l’accuse de « persécution politique ». Elle s’est déroulée dans un climat tendu mais maîtrisé, et les déclarations de Bolsonaro sont restées calmes et nient fermement toute tentative de coup d’État.« La possibilité d’un coup d’État n’a jamais été envisagée […] Un coup d’État, c’est une chose abominable », a-t-il affirmé, tout en brandissant un exemplaire de la Constitution brésilienne de 1988, comme pour se donner les gages d’un démocrate respectueux de l’ordre légal. Pourtant, l’ancien président a tout de même fait des aveux partiels en admettant avoir discuté avec des chefs militaires de « certaines alternatives » pour se maintenir au pouvoir. Des discussions « informelles » et menées « dans le cadre de la Constitution ». Il a également nié tout rôle dans les violentes émeutes du 8 janvier 2023 à Brasilia, qui ont vu des milliers de ses partisans envahir et vandaliser les lieux de pouvoir. « Ce n’était pas un coup d’État : on n’a pas retrouvé la moindre arme à feu », a-t-il argué.
Bolsonaro est inculpé avec sept co accusés, parmi lesquels d’anciens ministres et des militaires de haut rang, tous soupçonnés d’avoir participé à une tentative de coup d’État. Il est qualifié par le parquet comme le « leader d’une organisation criminelle » qui comptait se maintenir au pouvoir quoi qu’il en coûte. S’il est reconnu coupable, l’ancien président du Brésil risque jusqu’à 43 ans de prison. Il est déjà inéligible jusqu’en 2030, une sanction prononcée à la suite d’une procédure antécédente. Ce procès va bien au-delà de la personne de Jair Bolsonaro. En effet, il questionne les institutions brésiliennes face à la tentation autoritaire et pourrait déterminer l’avenir d’un système politique et d’une certaine vision de la démocratie.
Margot LEMAZURIER