Avec Lula, portrait intime et évocateur de l’une des personnalités politiques les plus influentes et populaires au monde, Oliver Stone et Rob Wilson explorent l’ascension, la chute et le retour triomphal de l’actuel dirigeant du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva. Sous forme d’échanges entre le président brésilien et le réalisateur Oliver Stone, le documentaire s’intéresse à la période récente de sa vie, entre 2016 et 2022.
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Dans ce portrait de Luiz Inácio Lula da Silva, les cinéastes alternent les séquences où l’on assiste à de riches conversations entre Lula et Oliver Stone, l’un des réalisateurs, avec des photographies du chef d’État brésilien, ouvrier tourneur et syndicaliste, et des extraits d’émissions télévisées sur les diverses campagnes électorales pour les présidentielles. Rappelant quelques jalons biographiques, le film entraîne le public dans l’État du Pernambuco, situé au centre est de la région Nordeste du Brésil. Le documentaire fait voir une minuscule maison de terre, la maison familiale où Lula et sa fratrie, élevés par une mère pauvre et analphabète, ont vécu. Son père, parti travailler à São Paulo, y fera venir sa famille en omettant de dire à sa femme qu’il avait fondé une nouvelle famille. On voit donc également la maison familiale à São Bernardo do Campo, une ville du sud de l’État de São Paulo.
Il revient également sur l’épopée de Lula en 2022 qui le mènera, une nouvelle fois, jusqu’à la présidence du Brésil après dix-neuf mois passés en prison. À grand renfort de documents et d’archives filmées, le duo parle de la période où le politique a été jeté en prison pendant près de deux ans, et démontre, au fil des séquences, les manipulations en coulisse effectuées par le juge fédéral Sergio Moro au service du futur candidat Jair Bolsonaro qui, une fois élu, en fera son ministre de l’Économie.
Les réalisateurs rappellent que, président du Brésil sur deux mandats de 2002 à 2010, Lula a été responsable d’une grande partie des progrès du pays. Ils illustrent l’action Bolsa Família (bourse familiale), un programme social destiné à lutter contre la pauvreté et mis en place pendant la présidence de Fernando Henrique Cardoso, puis systématisé sous la présidence de Lula, et qui permettait aux familles pauvres de toucher des aides pour que les mères de famille puissent nourrir et vêtir leurs enfants.
Protégée de Lula depuis longtemps, on voit l’ex-présidente Dilma Rousseff, qui a été destituée. Le documentaire fait la démonstration que, derrière les malheurs politiques, judiciaires et politiques de Lula comme de Dilma Rousseff, les États-Unis ne sont jamais très loin. Il révèle les dessous de l’opération anticorruption Lava Jato (Lavage Express), avec le concours du hacker et du journaliste d’investigation Luke Harding, auteur des Snowden Files, dont les révélations ont conduit à la libération de Lula.
Le documentaire alerte du danger croissant que le lawfare fait peser sur les démocraties et s’impose comme le récit haletant de l’un des plus grands retours en politique de notre époque. « Lula s’est retrouvé en prison à cause d’un coup monté. Il l’a prouvé dans le film, en affirmant qu’il avait été emprisonné suite à ce qu’on appelle en Amérique du Sud et dans d’autres pays, le lawfare, instrumentalisation politique de la justice qui consiste à mettre quelqu’un derrière les barreaux à l’aide d’un grand nombre de lois orientées et motivées par des considérations politiques. », a déclaré Oliver Stone.
Critiqué par certains pour son manque d’objectivité, le documentaire est présenté en séance spéciale à l’occasion du festival de Cannes 2024, qui se terminera dans la soirée du 25 mai.
D’après le Festival de Cannes et Firouz Pillet
Lula, film documentaire de Oliver Stone, Rob Wilson (USA 2024) ; avec Georges W. Bush, Glenn Greenwald, Barack Obama.