Appel des réalisateurs du film « Revoir l’Ambassade »

À la suite de la projection en avant-première à la Maison de l’Amérique latine de Paris les réalisateurs Thomas Lalire et Benoît Keller, nous demander de passer le suivant message qui s’inscrits dans les commémorations des 50 ans du coup d’État au Chili.

Photo : Thomas Lalire

L’histoire de Revoir l’ambassade est celle de Françoise et Pierre de Menthon. L’histoire d’un engagement humaniste au nom de convictions profondes.  L’histoire d’un geste d’hospitalité au service du droit d’asile. Ce film est aussi l’histoire de Guillermo, José, Carolina, Ana, Carlos, Marta, Erika, Pavel, Maricarmen, Roberto, Oscar, Emilio, Jacques, Maria-Eugenia, Marie-France, Jorge, Raul, Juany, Jeannette, Rosa, Maïté, Martin…en tant d’autres.  Ce sont près de 800 personnes qui ont été accueillies à l’Ambassade de France en l’espace de quelques mois et qui ont dû reconstruire leur vie loin de chez eux. Souvent, nous nous sommes demandé comment des souvenirs aussi précis avaient pu demeurer malgré le passage des années.

Comment des images de l’ambassade, des gestes, des regards, des mots pouvaient rester à ce point présents. Au-delà de la tragédie du coup d’État, des familles séparées, des amis disparus, du départ forcé vers un pays inconnu, c’est aussi le souvenir du quotidien d’une ambassade transformée en refuge. Au sein de la Chancellerie comme dans la Résidence, se sont côtoyés des étudiants, des professeurs, des infirmiers, des ouvriers, des paysans, des artistes, des militants associatifs, des représentants politiques, des prêtres, des journalistes… Parmi eux, des enfants, des femmes enceintes, des personnes âgées…il y avait là tout un pays. « Plus de classes sociales, plus de distinctions politiques » écrit Françoise de Menthon dans ses carnets.

Pendant quelques mois, les barrières sociales et culturelles sont tombées. Si la voix de Françoise de Menthon continue de résonner aujourd’hui, c’est parce qu’elle nous rappelle que la construction d’un monde commun est non seulement possible, mais aussi infiniment précieuse.  Elle est la plus belle des réponses à la barbarie d’hier comme aux temps difficiles que nous traversons. Elle résonne aussi avec les mots de Pablo Neruda : « Ils pourront couper toutes les fleurs, ils n’empêcheront pas la venue du printemps. Le printemps est inexorable ».

Benoit KELLER – Thomas LALIRE