Le film chilien « Plus jamais seul », du réalisateur Alex Anwandter

Santiago du Chili. Pablo, un jeune lycéen, se découvre une passion pour le cabaret. Mais un jour il est victime d’une violente agression homophobe. Bouleversé, Juan, son père, met tout en œuvre pour trouver les coupables… Un film du réalisateur Alex Anwandter, marqué par l’agression d’un de ses fans en 2012.

Le réalisateur, Alex Anwandter est un chanteur-auteur-compositeur célèbre dans toute l’Amérique latine. Il a été marqué par l’agression d’un de ses fans à Santiago où le jeune homme a été abattu après avoir été torturé. Ce drame a d’ailleurs provoqué un choc dans l’opinion chilienne et une loi antidiscriminatoire a par la suite été votée : la loi Zamudio. Alex, bouleversé, décide alors de s’inspirer de ce drame pour son premier film. Il montre un père s’occupant peu de son fils car il travaille dans une entreprise qui fabrique des mannequins. « Pour moi, le mannequin représente l’abstraction de ce qu’un corps devrait être. Il y a aussi l’idée de la matière : un corps et un mannequin sont modelés dans quelque chose. Même si le travail du père est précisément de diriger la production de mannequins, il est indifférent à l’éducation de son fils… Je voulais mettre en lumière ce paradoxe. Le mannequin représente aussi un autre type de violence faite au corps. Spécialement envers les femmes. Même si c’est en sous-texte, c’était important pour moi. »

L’intérêt du film, en plus de son histoire c’est l’attention portée au son. « Certains disent que le son représente 60 % d’un film. Cette idée me plaît. Le son enrichit pleinement un film, le complète. C’est un équilibre fragile : informer sans surligner l’aspect émotionnel du récit. Mais sans non plus s’interdire de se laisser aller à l’émotion »… Même s’il n’est pas cinéaste, Alex  se sent « à l’aise vis-à-vis de la trajectoire prise par le cinéma chilien qui traite ses propres problématiques sociales, culturelles, historiques, sans avoir peur de les exposer au monde. Ce cinéma s’oppose à l’idée de gagner le « Jackpot » avec une histoire qui s’exporterait à l’international. Je crois que nous pouvons désormais séduire le plus grand nombre en restant nous-mêmes ». Le film a été primé à la Berlinale.

Un nouveau film latino vient de rejoindre la section cannoise de Un certain regard. Il s’agit de La Cordillera  de Santiago Mitre, le réalisateur argentin du très beau Paulina, présenté et primé à la Semaine de la critique 2015.

Alain LIATARD

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