41e rencontres du cinéma latino-américain du 20 au 26 mars au cinéma Jean Eustache de Pessac, dans la région bordelaise.

Sous le thème “Déplacements et migrations : élargir les perspectives, approfondir les regards”, aura lieu la 41e édition du festival rencontres du cinéma latino-américain à Pessac, proche de Bordeaux. Au programme, des rencontres avec des auteurs, des réalisateurs et des acteurs, des courts métrages et une surtout une cinq films fictions et cinq documentaires en compétition.

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“Je pars, mère, pour La Havane, manger des bananes frites, ici les pauvres ne sont qu’esclaves des riches”. Dans l’histoire mondiale des migrations, le continent latino-américain occupe une place particulière de par les déplacements massifs de population qui ont et ont eu lieu vers / dans / de l’Amérique latine. Nous ne ferons pas l’histoire de ces migrations, il nous faudrait bien plus d’une édition. Cependant, comment aborder les déplacements-migrations sans tenir compte des relations historiques, coloniales, sociales, économiques, culturelles, géographiques et politiques sur un temps long ? Colonisation et peuplement par les pays occidentaux ; déplacements forcés des peuples originaires et construction de frontières. Que dire de l’apport sur le continent de millions d’africains esclaves, puis de coolies chinois ? De 1880 à 1940, l’Europe déverse des millions de pauvres (Italie : 4 M, Espagne : 2,5 M), les bourgeoisies garantissant ainsi leurs privilèges de classe.

Ainsi l’Argentine a vu doubler 2 fois sa population en 35 ans (1,8 M en 1969, 4 M en 1995 et 8 M en 1914). Plus proche de nous, les exilés politiques de la guerre civile espagnole vers l’Amérique latine. Années 1970, instauration de dictatures dans presque tous les pays : émigration politique massive vers les pays occidentaux. Années 90, la mondialisation des marchandises a impliqué celle de la force de travail. Tel ces bracerosmexicains (1942-1964) qui, à peine déchargés des camions qui les transportaient, étaient dénudés et fumigés comme ou pire que des animaux. Alors quel pan du voile qui recouvre cet immense chantier soulever ? Quelle mise au point choisir qui élargisse nos perspectives et approfondisse nos regards ?

Déconstruire la xénophobie, le racisme, les peurs et les manipulations politiques qui font dire “on ne peut pas accueillir toute la misère du monde” ou encore qui nous parle du “coût” de la migration, réduisant les personnes à leur utilité marchande. Les enfants de latino-américains migrants sont-ils “issus de l’immigration” et non du ventre de leur mère comme chante si bien Awa Ly ? Choisir de considérer quelques aspects du champ migratoire : les causes du départ, le trajet, l’installation, le retour ou l’impossible retour. Dépoussiérer les discours des institutions onusiennes et des nations qui cherchent une “gouvernance mondiale des migrations”, par un contrôle des “migrants” – qui menaceraient la stabilité des états – avec un biais utilitariste (gagnant-gagnant) et sédentariste, aucun des deux n’envisageant “la possibilité du choix de migrer comme une décision autonome relevant de la liberté de circuler” (http://journals.openedition.org/ethiquepublique/1749). A l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui établit le droit de quitter son pays (émigrer), ajoutons la question de la mobilité comme droit inaliénable de tout être humain à se déplacer librement et à immigrer. Osons la solidarité, cela ne coûte rien d’essayer !