Deux ouvrages sur le Chili viennent de paraître sous la signature de Franck Gaudichaud

« Découvrir la révolution chilienne (1970-1973) » aux éditions sociales et « Venceremos » aux éditions Syllepse vient de paraître et ainsi participer à cette déferlante des manifestations qui se tiennent un peu partout autour de la commémoration des 50 ans du coup d’État au Chili le 11 septembre 1973.

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Franck Gaudichaud, professeur en histoire et études de l’Amérique latine contemporaine à l’université Toulouse Jean-Jaurès, spécialiste du Chili, le mieux est de récupérer des informations sur son parcours sur le site Anticapitaliste. Il est spécialiste des mouvements sociaux au Chili et en Amérique latine et il a publié de nombreux ouvrages dont Gouvernements progressistes en Amérique latine (1998-2018), La fin d’un âge d’or (PUR, 2021), Fin de partie ? Amérique latine, les gouvernements progressistes dans l’impasse – 1998-2019 (Syllepse, 2020), Chili 1970-1973 et Venceremos.

Dans le site des éditions sociales qui vient de publier Découvrir la révolution chilienne, il avance les propos de son livre et il décrit fort bien le mardi 11 septembre 1973, dans cette période de commémoration il nous semble opportun d’y revenir sur le fatidique 11 septembre… « Le ciel est gris, l’hiver austral est encore là. Le coup d’État débute très tôt, quand la marine de Valparaíso prend le contrôle de la ville-port située sur l’océan Pacifique. L’aviation prépare ses avions Hawker Hunter depuis l’aéroport de Concepción et, à Santiago, les mouvements de troupes de l’armée de terre commencent dès 8 h 30, sous la coupe notamment du général Sergio Arellano Stark.

Salvador Allende reçoit, dès l’aube, les informations concernant la situation à Valparaíso, et après plusieurs échanges avec son ministre de la Défense, Orlando Letelier comprend la gravité de la situation. Il décide ainsi de gagner le palais présidentiel, accompagné de ses plus fidèles collaborateurs, notamment Augusto Olivares et le politiste et espagnol Joan Garcés, mais aussi des hommes du « groupe des amis du président », sa garde personnelle. Il a parfaitement conscience qu’il affronte une opération coordonnée de grande envergure. Avant 11 heures, les quelque trois cents carabiniers présents au palais présidentiel de La Moneda se sont retirés sur ordre de leur hiérarchie.

Allende reste seul avec quelques dizaines de proches : les photos en noir et blanc, quelques heures avant sa mort, le montrent casqué et armé d’un fusil de guerre. Ces hommes doivent affronter un déploiement militaire sans précédent, tout d’abord de tanks, puis, face au refus du président de se rendre, subissent le bombardement répété du palais par deux avions de combat. Le premier étage est partiellement détruit et l’incendie gagne tout l’édifice. Dans son ultime intervention, Allende condamne la « trahison » de généraux « félons », responsables de la rupture de l’ordre institutionnel. Jusqu’à la fin, le président se place comme garant de la légalité républicaine, rappelant son engagement en faveur d’une voie non armée vers le socialisme. Il montre qu’il reste jusqu’à son dernier souffle convaincu de la justesse de ce qu’il considère comme la tradition démocratique et le constitutionnalisme des forces armées chiliennes »…

Venceremos

Des années Allende à la révolte de 2019, entre histoire et actualité brûlante, un livre qui nous invite à repenser les résonances entre les expériences de pouvoir populaire des années de l’Unité populaire et l’auto-organisation des jeunes qui ont pris la rue en 2019. Venceremos! raconte l’Unité populaire vue d’en bas, du point de vue de ceux qui la construisirent et la défendirent. Dans les quartiers pauvres (poblaciones) et les usines, dans les rues et les zones rurales… le pouvoir populaire se construisait, soutenant et critiquant tout à la fois le gouvernement de Salvador Allende. Quels furent les projets politiques expérimentés, leurs acquis et leurs faiblesses, les débats et les mythes, leur organisation et leur ampleur ? Que nous disent, un demi-siècle plus tard, ces évènements qui firent rêver la gauche internationale ? C’est à ces questions que ce livre s’efforce de répondre en publiant une série de documents d’époque. 

Depuis la première édition de cet ouvrage, la société chilienne a vécu une période d’intenses bouleversements. El estadillo, la révolte populaire de 2019, a modifié les rapports de forces régissant le pays depuis la fin de la dictature de Pinochet, qui avait cédé la place à une transition négociée ne mettant pas en cause le système. Pour cette seconde édition, un acteur du soulèvement de 2019, Pablo Abufom Silva, fait le récit de cette période d’ébullition où les échos des années de l’Unité populaire se sont fait entendre. Si le présent ne se fait jamais sans le passé, l’histoire des luttes populaires est toujours un nouveau voyage porté par celles et ceux qui se battent pour un horizon émancipateur.

D’après les éditeurs

« Découvrir la révolution chilienne (1970-1973) » aux éditions sociales et « Venceremos » aux éditions Syllepse.