Les Xe Semaines de l’Amérique latine et des Caraïbes arrivent du 25 mai au 10 juin prochain

Du 25 mai au 10 juin 2023, la France met à l’honneur l’Amérique latine et les Caraïbes à travers la dixième édition des Semaines de l’Amérique latine et les Caraïbes (SALC). À cette occasion, nous avons rencontré M. Philippe Bastelica, secrétaire général des SALC qui ces « semaines » répondent à une véritable attente de la part de la société civile ».

Photo : SALC 2023

D’une journée organisée par le Sénat en 2011, à des Semaines chapeautées par le ministère des Affaires étrangères à partir de 2014, les SALC semblent connaître un grand succès, répondant à une véritable demande de la société civile, désireuse d’exprimer son intérêt, sa curiosité mais aussi son amitié envers cette région du monde. Du 25 mai au 10 juin 2023, on retrouve au programme des SALC plus de 400 activités, de tout genre et dans toute la France. Monsieur Philippe Bastelica, secrétaire général des SALC depuis leur création en 2014 – rôle interrompu par une pause de quelques années pour assurer une mission d’ambassadeur en Uruguay – nous en dit un peu plus sur cet évènement devenu majeur pour les relations bilatérales France – Amérique Latine et Caraïbes, et développe sur la force des relations qui unissent nos deux régions.

Quels sont les objectifs des SALC ?

Pourquoi cette initiative ? Sans doute parce que la France, l’Amérique latine et les Caraïbes entretiennent une relation particulière, faite d’une grande proximité culturelle dans la latinité, et surtout d’une grande proximité de valeurs. C’est peut-être pour cela que cette initiative est restée singulière : il n’y a pas en France l’équivalent des SALC vis-à-vis d’une autre région du monde et il n’existe pas d’initiative comparable dans un autre pays que la France.

En 2014, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, a reçu pour mission de coordonner cette célébration née au Sénat et de l’amplifier en faisant en sorte qu’elle concerne désormais toute la France et qu’elle s’adresse au grand public alors que la journée initiale était plutôt de caractère institutionnel et diplomatique. 

A travers ces semaines, il s’agit de faire mieux connaître au grand public l’Amérique latine et les Caraïbes et de mettre en valeur les relations que ces dernières entretiennent dans tous les domaines avec la France. C’est un message d’amitié aux peuples et aux États d’Amérique latine et des Caraïbes, pour leur dire également que la France souhaite intensifier ses relations avec eux, accueillir leurs étudiants, leurs touristes, leurs investisseurs. C’est aussi l’occasion d’un message aux Français : s’ils ne connaissent parfois pas très bien ces pays un peu lointains, c’est une partie du monde qui mérite qu’on s’y intéresse et où ils ne manqueront ni de points de repère, ni d’interlocuteurs bien disposés.

Derrière cela, il y a aussi une vision plus large. Nous vivons dans un monde dans lequel il existe de nombreux enjeux de paix, de sécurité internationale, d’environnement, de biodiversité, de changement climatique ou de santé publique, pour prendre quelques exemples, qui justifient que nous recherchions avec l’Amérique latine des synergies et des alliances autour d’intérêts partagés, de valeurs communes, pour que nos préoccupations triomphent, notamment sur la scène multilatérale. 

D’une journée à des Semaines : comment expliquez-vous ce succès ? 

C’est d’abord la réponse enthousiaste de la société civile qui nous a conduits à passer d’une journée à une semaine en 2014. En fait, dès 2014, la dénomination de Semaine a été en-dessous de la réalité puisque la première SALC a duré 15 jours. On s’est alors rendu compte que cette initiative répondait à une véritable attente, ce qui illustre assez bien les liens profonds qui unissent les sociétés françaises aux sociétés latino-américaines et que, contrairement à l’impression qu’ont peut-être parfois certains latino-américains, la France leur prête énormément d’attention. Cela vient illustrer le goût des Français pour les cultures latino-américaines, pour la littérature, pour la musique, au fond pour toutes les formes d’expression culturelles. Le cinéma latino-américain n’a pas de meilleur public étranger que le public français et les Français coproduisent souvent les films latino-américains. Tout cela trouve son expression visible dans le succès rencontré par ces Semaines.

Nous devons ce succès à nos partenaires, qui s’investissent, parfois avec des moyens très limités et des bénévoles qui se dépensent sans compter. Il faut les remercier de leurs efforts. Cela prouve à quel point c’est un mouvement spontané qui nous rapproche de l’Amérique latine et des Caraïbes. Nous sommes également reconnaissants à nos partenaires dans les médias, je pense à France Media Monde qui est un allié de la première heure, à Nouveaux Espaces Latinos, à El Café Latino. Ce sont des vecteurs de promotion de ces Semaines et Nouveaux Espaces Latinos en est aussi un acteur avec Privamera Latina, qui permet à Lyon d’être représenté dans le programme des SALC.

Je lance un appel à tous nos partenaires et à tous ceux qui pourraient le devenir pour les inviter à nous proposer, pour les éditions à venir, des activités répondant à l’un des deux critères que je mentionnais : faire connaître l’Amérique latine et les Caraïbes ou mettre en valeur leurs relations avec la France. Nous acceptons très largement de labelliser les événements qui nous sont proposés et, si nous ne pouvons malheureusement contribuer à leur organisation ou leur financement, nous nous chargeons d’assurer leur promotion sur les réseaux sociaux et auprès des médias. Nous animons aussi un site internet dédié à ces Semaines.

Quelques mots sur le programme de cette année ?

Ce sont pour le moment plus de 400 événements auxquels il faut en ajouter plusieurs dizaines qui ne tombent pas exactement dans le calendrier mais qui se situent juste avant ou juste après, et dont nous rendons compte également sur notre site dans une rubrique intitulée « Les Semaines Avant/ Après ». C’est donc un programme très riche qui se déroule dans une soixantaine de villes réparties dans toute la France et dans sept pays d’Amérique Latine et des Caraïbes. Je note un important renouvellement : près des deux tiers des villes inscrites à notre programme n’y figuraient pas l’an dernier et cela me paraît un signe très positif qui montre la vitalité de ces Semaines. Ce n’est pas une routine dans laquelle on reprendrait chaque année les mêmes partenaires pour proposer des contenus similaires.

Si vous observez le contenu du site, vous verrez que tous les champs disciplinaires dans lesquels s’inscrivent nos relations avec l’Amérique latine, sont représentés avec une prédominance en nombre d’événements culturels, mais également un très grand nombre d’événements scientifiques, universitaires, de colloques, de tables rondes, de rencontres internationales. À cet égard je mentionnerais le 15e forum économique international qui est coorganisé par centre de développement de l’OCDE, la banque interaméricaine de développement, et l’Agence française de développement, qui se déroulera le 6 juin et portera sur le thème « Vers de nouveaux partenariats pour le développement durable ». Ce forum se déroule chaque année, s’inscrit désormais pleinement dans le cadre des semaines de l’Amérique latine et des Caraïbes et permet des échanges de très haut niveau, puisque interviennent régulièrement dans ce forum des chefs d’États et des ministres latino-américains. C’est un moment d’échange extrêmement important. Un autre moment privilégié est le colloque que l’Institut des Amériques organise avec l’Agence française de développement et la Fondation EU-LAC (1). Il se déroulera les 25 et 26 mai au siège de l’Agence française de développement et portera sur « les défis contemporains du commerce de matières premières en Europe, Amérique latine et Caraïbes ». Il est encore temps de s’y inscrire. Je voudrais citer encore le grand colloque de philosophie sur « L’avenir de la négation » à Paris du 30 mai au 1er juin. Mais il existe également des programmes extraordinairement riches à Bordeaux, Montpellier, Lille, Laval ou Mulhouse, sans que je puisse malheureusement les citer tous.

10e édition : quelque chose de spécial ? 

Je pense que cette 10e édition sera spéciale à bien des égards. Elle bat déjà des records en termes de contenus et de dispersion géographique. Je m’attends encore à quelques bonnes surprises mais il est trop tôt pour en parler.

Pensez-vous que les relations entre la France, l’Amérique Latine et les Caraïbes ont tendance à se renforcer ?

Je pense qu’elles se renforcent et cela me semble très important. Il est important que des pays qui ont la capacité de se rapprocher parce qu’ils possèdent un « logiciel commun », une même manière de voir le monde, puissent unir leurs efforts pour affronter les défis de demain.

Je voudrais rappeler aussi que la France et l’Amérique latine ont toujours été l’une au côté de l’autre dans les moments difficiles. Cela a été le cas pendant les deux guerres mondiales. Au cours de la deuxième, l’Amérique latine a été un terreau fertile pour les comités de la France Libre, grâce au soutien de tous ceux qui, en Amérique latine, étaient attachés à la victoire de la liberté. Par la suite, c’est la France qui a été une terre d’accueil pour les Latino-américains persécutés par les dictatures. Je crois que cela explique en partie la richesse et la profondeur des relations qui nous unissent. Ce ne sont pas uniquement des relations d’intérêt. Quand je parle de valeurs partagées, cela prend tout son sens lorsqu’on a ces exemples à l’esprit. Les enjeux sont aujourd’hui différents, mais le besoin d’une relation étroite et solidaire entre nos peuples n’a pas diminué.

Il est important d’avoir également à l’esprit que la France est liée à l’Amérique latine parce qu’elle est elle-même en quelque sorte un pays de la région : sa plus grande frontière terrestre, c’est celle que nous avons avec le Brésil. Les collectivités françaises des Antilles et de la Guyane constituent des traits d’union entre la France et l’Amérique latine et les Caraïbes. C’est la raison pour laquelle je  me réjouis que, parmi les activités des SALC cette année, il y en ait trois en Martinique.

Ces Semaines sont aussi l’occasion, pour la partie qui se déroule en Amérique latine notamment, de mettre en valeur les réseaux que la France entretient en Amérique latine et aux Caraïbes, et qui n’ont, à ma connaissance, aucun équivalent. Je pense aux réseaux des Alliances Françaises, de l’Institut Français, de l’Agence pour l’Enseignement français à l’étranger. Je pense aux établissements de recherche français implantés en Amérique latine : L’IFEA (‘Institut français d’études andines) , le CEMCA (centre d’études mexicaines et centre-américaines), l’Institut Pasteur à Montevideo et à Sao Paulo, l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement), le CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement). Je veux aussi mentionner, dans un autre domaine, le rôle capital de l’Agence Française de Développement, premier bailleur bilatéral en Amérique Latine et aux Caraïbes.

Propos recueillis par Marie BESSENAY

(1) EU-LAC : organisation internationale qui a pour but de développer les partenariats entre l’Europe et l’Amérique latine.

Plus d’informations : https://semainesameriquelatinecaraibes.fr/

Le calendrier : https://semainesameriquelatinecaraibes.fr/-Le-calendrier-

« Les Semaines Avant/ Après » : https://semainesameriquelatinecaraibes.fr/-Les-Semaines-avant-apres-