Incendie à Ciudad Juárez : identification des 39 morts dans la tragédie du centre de détention pour migrants

Les autorités mexicaines ont communiqué jeudi l’identité des trente-neuf migrants décédés dans l’incendie d’un centre de détention géré par l’Institut national des migrations (INM) à Ciudad Juárez, à la frontière avec les États-Unis.

Photo : La Prensa

Parmi les personnes décédées, dix-huit étaient originaires du Guatemala, sept du Salvador, sept du Venezuela, six du Honduras et une de Colombie, a déclaré Rosa Icela Rodríguez, secrétaire à la Sécurité publique et à la Protection des citoyens, lors d’une conférence de presse. Il s’agit d’hommes âgés de 18 à 51 ans. Selon la fonctionnaire, un blessé a déjà été évacué sur les vingt-huit constatés, soit huit Guatémaltèques, huit Honduriens, cinq Salvadoriens et cinq Vénézuéliens.

Pour sa part, Sara Irene Herrerías, procureure chargée de l’enquête, a indiqué que six mandats d’arrêt avaient été émis à l’encontre de trois agents migratoires, de deux agents de sécurité et d’un migrant soupçonné d’avoir déclenché l’incendie du centre de l’INM. « Les mandats ont été demandés pour le délit d’homicide volontaire et de blessures causées à 67 étrangers » a déclaré Mme Herrerías.

La procureure a indiqué que l’enquête se poursuivait afin d’établir « la chaîne de responsabilité » des fonctionnaires et des gardiens qui surveillaient les migrants dans la nuit de lundi à mardi, lorsqu’une manifestation des étrangers internés dans l’établissement a provoqué l’incendie. Comme le montre une vidéo diffusée par la presse et qui fait déjà partie de l’enquête, plusieurs fonctionnaires ont choisi de ne pas ouvrir les portes de sécurité alors que le feu et la fumée envahissaient le bâtiment. « Peu importe de qui il s’agit, il n’y aura pas d’impunité. Jusqu’au sommet. »

Selon l’enquête fédérale présentée mercredi, l’incendie a débuté vers 20 h 30 le 27 mars, lorsque des migrants ont commencé à manifester à l’intérieur du centre de séjour provisoire de l’Institut national des migrations à Ciudad Juárez. Les migrants détenus dans cette ville mexicaine frontalière avec la ville américaine d’El Paso y étaient enfermés. La procureure Herrerías a expliqué que, selon les témoignages recueillis, les migrants « craignaient d’être expulsés et c’est pour cela qu’ils étaient détenus. Et ils protestaient à ce sujet ».

Selon les témoignages des victimes, la procureure Herrerías a désigné un migrant comme suspect de l’incendie. Une vidéo provenant d’une caméra de sécurité située à l’intérieur du centre de séjour provisoire a été diffusée par divers médias et réseaux sociaux dans la nuit de mardi à mercredi. Dans ce clip de trente-deux secondes, des officiers en uniforme semblent s’éloigner alors qu’un incendie se déclare dans un coin de l’enceinte. Les migrants à l’intérieur tentent en vain d’ouvrir une porte à barreaux alors que la fumée se propage rapidement. « Aucun des fonctionnaires, ni la police de sécurité privée, n’a fait quoi que ce soit pour ouvrir la porte aux migrants qui se trouvaient à l’intérieur avec le feu » a déclaré Mme Herrerías.

Cette tragédie fait ressortir des problèmes de fond. Le président mexicain, Andrés Manuel López Obrador, a pris la parole, mettant en cause la politique migratoire des États-Unis : selon lui, il faut financer des programmes sociaux dans les pays d’où proviennent la majeure partie de ces migrants pour réduire le flux migratoire, mais les Américains veulent résoudre « des problèmes sociaux avec le seul usage de la force et ils ne s’occupent pas des causes ». La spécialiste des questions migratoires, Eunice Rendon, expliquait pour L’Express, il y a quelques jours, comment le Mexique joue le « sale boulot » des États-Unis. (1)

D’après BBC Mundo

(1) https://www.lexpress.fr/monde/tragedie-de-juarez-le-mexique-garde-frontiere-des-etats-unis-face-au-sale-boulot-GJAV3MHCYNG3LNV773K6RTKMNI/