Nantes est plus que jamais une ville d’arts. Et c’est ce qu’elle nous prouve cet été en nous faisant voyager du Japon d’Hokusai à la Colombie d’Iván Argote, entre estampes et installations en pleine rue. Une belle façon de découvrir des arts divers du bout du monde et de porter un regard sans cesse renouvelé sur les œuvres. Notre rédacteur Benoît Santini s’est rendu sur place le 22 août 2025 pour une journée de visites et nous fait ici un compte-rendu de cette agréable journée.
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Du 28 juin au 31 août 2025, la ville propose une série d’installations dans les rues et sur les places de Nantes dans le cadre du salon d’été Le voyage à Nantes. Par exemple, Laurent Tixador (1965) met en place au parc de Procé et tramway son Épilogue sylvestre constitué de « cabanes inspirées des cagnas, ces abris construits par les soldats durant la Première Guerre mondiale » comme le précise la brochure officielle de l’événement, tandis que Marion Verboom (1983) nous invite à contempler son œuvre permanente Achronie 39, installée en 2023 et composée de huit motifs superposés en colonne dans le jardin du passage Sainte-Croix.
Et l’on découvre aussi rue Maréchal Joffre l’étonnante réadaptation de l’œuvre Antipodos du Colombien Iván Argote. Né à Bogotá en 1983, il vit et travaille à Paris et est représenté par diverses galeries (Paris, Madrid, São Paulo). La brochure explique que la création d’Argote est « inspirée par des idées archaïques sur les habitants du bout du monde, souvent montrés comme des créatures semi-monstrueuses. À l’époque où l’on croyait la terre plate, le terme antipode, d’origine grecque, désignait un ‘territoire opposé’. Au Moyen Âge, il a évolué pour signifier ‘avec des pieds retournés’».
C’est ainsi qu’Argote installe des deux côtés de la rue piétonne deux sculptures représentant des silhouettes anonymes, l’une sur la façade d’un immeuble, l’autre sur la colonne Louis XVI. Il s’agit pour lui de défier la logique de la gravitation et de créer un « renversement ». Ainsi, l’objectif d’Argote est de « réinterroger la présence des symboles monarchiques dans l’espace public ». Il réinvente par conséquent cette colonne dépourvue de statue entre 1790 et 1823 et donne à voir une Histoire en mouvement par un facétieux jeu de miroirs.
De la Colombie au Japon il n’y a qu’un pas à Nantes… Et c’est au Château des Ducs de Bretagne que se tient l’exposition « Hokusai (1760-1849), chefs d’œuvre du musée Hokusai-Kan d’Obuse » présentant plus de 160 œuvres. Loin de la forêt amazonienne, des glaciers du sud du Chili ou de la cordillère des Andes, les estampes de l’artiste japonais nous emmènent découvrir 36 vues du mont Fuji décliné dans diverses teintes – notamment un magnifique bleu de Prusse – et peint sous diverses perspectives. Chutes d’eau, ponts et vagues, embarcations et « beautés » – tel est le nom donné aux représentations de femmes dans plusieurs de ses œuvres –, fleurs, animaux et créatures surnaturelles se côtoient dans un univers poétique et empreint de spiritualité. Le voyage à Nantes est à découvrir jusqu’au 31 août 2025 et l’exposition Hokusai jusqu’au 7 septembre 2025.
Benoît SANTINI
Photo : Place du Maréchal Foch et rue du Maréchal Joffre Deux silhouettes anonymes prennent d’assaut la façade d’un immeuble et la colonne Louis XVI en défiant toute logique gravitationnelle.
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