Le Venezuela et l’inquiétante crise de la dette : quel avenir pour le pays ?

Le Venezuela « pourrait lever des fonds suffisants pour rembourser ses créances et ainsi éviter un défaut partiel, mais les mauvaises perspectives ne disparaissent pas », a déclaré ce mercredi un analyste de l’agence de notation Standard and Poor’s (S&P).

Photo : Econolibertad.com

L’agence Standard & Poor’s (S&P) Global Ratings a déclaré ce lundi 13 novembre que le Venezuela se trouve en « défaut partiel » sur sa dette, mais qu’est ce que cela veut dire ? Cela signifie que le Venezuela s’est trouvé incapable de rembourser, à l’issue de 30 jours, la somme de 200 millions de dollars portant sur deux obligations. L’agence S&P confirme qu’il y a 50 % de chance que le pays arrive à échéance de ses obligations à l’issue de trois mois.

Les retards et le défaut de paiement de la dette extérieure vénézuélienne aggravent encore la situation économique du pays. La dette extérieure du Venezuela est estimée à 150 milliards de dollars, dont 70 milliards correspondent aux titres émis par le gouvernement et la compagnie de pétrole du Venezuela (PDVSA). Étouffé par la chute du pétrole et les sanctions états-uniennes, le Venezuela assure être un « bon payeur » en dépit de ce qui est dit par le Ministère des Finances, l’Union Européenne ou Donald Trump, affirme le ministre de la communication vénézuélien, Jorge Rodríguez

Dialogue ou sanction ?

Nicolas Maduro a récemment demandé à rencontrer les créanciers internationaux dans l’objectif de restructurer et renégocier la dette, tout en discutant des possibles solutions pour endiguer la crise du pays et mettre en place des conditions démocratiques pour les prochaines élections qui auront lieu en 2018. Mais, à l’issue de cette rencontre, plusieurs personnes déclarent qu’aucune véritable solution n’a été proposée.

Dans ce contexte, les récentes sanctions de Washington sont la principale barrière pour trouver des solutions. Elles empêchent d’engager des négociations au sujet la restructuration de la dette ainsi que toute transaction entre les États-Unis et le secteur public vénézuélien ou sa compagnie pétrolière PDVSA. Selon un communiqué de la Maison Blanche, cette décision a été prise en fonction de l’argument suivant : « la dictature de Maduro continue à priver le peuple de nourriture et de médicaments, en emprisonnant les membres de l’opposition qui ont été élus de façon démocratique et en réprimant violemment la liberté d’expression ».

« Le soulagement de la dette »

La Chine et la Russie, les plus gros créanciers du pays, se positionnent à l’encontre des critiques faites par les États-Unis au sujet du Venezuela. Ils ne se sont pas présentés lors de la réunion du Conseil de Sécurité de l’ONU organisée par les États-Unis afin d’accuser le Venezuela de la violation des droits humains et de la démocratie. Le Venezuela a considéré cette réunion comme un acte hostile et d’ingérence au détriment du peuple vénézuélien. La dette extérieure avec la Chine et la Russie est respectivement de 28 et de 9 milliards de dollars, ces deux pays étant les plus gros créanciers du pays. Avec l’intention de Maduro de restructurer la dette et dans l’intérêt de la Russie de se faire rembourser, cette dernière vient de signer un accord avec le Venezuela pour alléger le poids de celle-ci. Le nouveau calendrier des paiements permettra au pays de rembourser la dette publique (3,150 millions de dollars) sur 10 ans, ce qui représente un soulagement financier pour le Venezuela, même si cela reste un petit pourcentage sur le total de la dette. Pourtant, il y a une autre dette à rembourser qui n’est pas inclue dans cet accord, celle de la PDVSA, qui a reçu un prêt de 6 milliards de dollars de la part de l’entreprise pétrolière russe Rosneft sous le concept des approvisionnements pré-payés de pétrole.

En ce qui concerne la Chine, son plus gros créancier avant la Russie, sa dette augmentera à 23 milliards de dollars. Le pays asiatique a récemment réagi à l’accord entre la Russie et le Venezuela, le considérant comme un acte de bonne foi et assure croire aux promesses du pays latino-américain. Aucune négociation n’est encore planifiée entre les deux pays mais elle pourrait être envisagée pour la restructuration des conditions de paiement. Le porte-parole du Ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, affirme que la coopération financière entre la Chine et le Venezuela se poursuit. 

Karla Daniela Rodríguez