La sénatrice Isabel Allende élue présidente au Parti socialiste

La sénatrice chilienne Isabel Allende, fille de l’ex-président Salvador Allende renversé par un coup d’État, deviendra la première femme à diriger le Parti socialiste. Plus de quarante ans après la dictature instaurée par le général Pinochet, la nouvelle présidente du Parti socialiste semble suivre les traces de son père.

Dimanche 17 mai, l’assemblée plénière du Comité central du Parti Socialiste (PS) chilien a entériné l’élection le 26 avril dernier de la sénatrice Isabel Allende à la présidence du parti. Cette élection est doublement symbolique. D’abord parce que c’est la première fois en ses 82 années d’existence que le PS élit une femme à sa tête. Ensuite, bien sûr, parce qu’il s’agit de la fille de l’ancien président Salvador Allende, victime du coup d’État militaire de septembre 1973 mené par le général Pinochet. Il ne faut pas la confondre avec l’écrivaine Isabel Allende, auteur du best-seller La maison des esprits, qui est en fait sa cousine et qui vit aux États-Unis.

Après le coup d’État de Pinochet, Hortensia Bussi, sa mère, part avec ses trois filles en exil à Cuba puis au Mexique. Isabel Allende ne reviendra au Chili qu’en 1989, un peu avant la fin de la dictature (mars 1990). Elle entre au Parti socialiste pour lequel elle est élue députée pour la Région de Coquimbo (nord du Chili) d’abord, pour la Région métropolitaine (Santiago) ensuite. En 2003 et 2004, elle préside la Chambre des députés au Congrès situé à Valparaíso. Élue sénatrice pour la Région Atacama (nord du Chili) en 2010, elle est finalement élue à la présidence du Sénat en 2014, c’est alors la première femme à occuper cette fonction. La première vice-présidence du parti sera assumée par Sadi Melo, les autres vice-présidents étant Camilo Escalona, Juan Pablo Letelier (1) et Manuel Monsalve.

Les premières paroles de la nouvelle présidente du parti furent pour soutenir la présidente Michelle Bachelet. Les scandales de corruption affectant tous les partis mais aussi la famille de la présidente qui a dû récemment remanier son gouvernement ont attiré l’attention d’Isabel Allende : “Nous savons que ces derniers temps ont été complexes mais la loyauté reste avec la présidente… Nous savons ce qu’est l’absence de démocratie, ce qu’est la dictature. C’est pourquoi nous attachons une grande valeur à la démocratie, nous la respectons… Quand la politique s’affaiblit, c’est le peuple qui souffre.” Michelle Bachelet ne pouvant se représenter aux prochaines élections présidentielles (dans moins de 3 ans), la nomination d’Isabel Allende à la présidence du PS pourrait très bien l’inciter à envisager une candidature.

 Jac FORTON

 (1) Fils de Orlando Letelier, ancien ministre de Salvador Allende, assassiné par la police secrète de Pinochet à Washington en 1976.