Une élection présidentielle imprévisible et un avenir incertain en Bolivie

Le président sortant Luis Arce, représentant du Mouvement vers le socialisme (MAS), a annoncé ne pas se représenter comme candidat à l’élection présidentielle. En effet, cela fait suite à sa perte de popularité auprès des Boliviens et à un mandat politique souvent critiqué pour sa gestion de l’économie, marquée par une inflation record et un effondrement monétaire qui ont affaibli son gouvernement. Autrefois allié d’Evo Morales, Luis Arce s’en est détaché en prônant une gestion plus modérée et institutionnelle du parti. Sur X ( anciennement Twitter), il a appelé à l’unité de la gauche, défendant l’idée que toute tentative de candidature de Morales nuirait à la cohésion et à l’ordre constitutionnel.

Evo Morales, président emblématique de 2006 à 2019, n’est plus une option. Bien qu’il ait tenté de revenir par le biais d’un nouveau parti (Evo Pueblo) puis via Pan-Bol, ces deux formations ont été jugées inéligibles par le TSE. La Cour constitutionnelle a réaffirmé son interdiction de convoiter un nouveau mandat, et Morales est par ailleurs visé par un mandat d’arrêt dans une affaire de traite de mineure, qu’il conteste. Reclus depuis plusieurs mois dans la région du Chapare, il conserve le soutien des syndicats de cultivateurs de coca, à l’origine de coupures de routes dans cette même région afin de protester contre les arrestations des manifestants du vendredi 16 mai qui, devant le TSE ont cherché à faire enregistrer Evo Morales comme candidat en vain.

Pour succéder à Arce, le MAS présente l’ancien ministre de l’Intérieur Eduardo Del Castillo, investi au dernier moment. Cette désignation montre les profondes divisions internes du parti, fragmenté entre « évistes », « arcistes » et les « rénovateurs ». Ces derniers soutiennent Andrónico Rodríguez, 37 ans, président du Sénat et figure montante. Ancien protégé de Morales, Rodríguez a pris ses distances, en appelant à un renouveau générationnel de la gauche bolivienne. Sa candidature, en tête des intentions de vote, a toutefois été suspendue temporairement par la justice, dans l’attente de vérifications sur la conformité de sa procédure d’enregistrement

Face à une gauche aussi divisée, l’opposition centriste et conservatrice tente de s’organiser. Samuel Doria Medina (Unidad) et Jorge « Tuto » Quiroga (Alianza Libre), deux figures expérimentées, sont les principaux candidats déclarés. Une coalition unique à droite reste hypothétique, malgré des tentatives de coordination entre Carlos Mesa, Luis Fernando Camacho et d’autres leaders. Si l’opposition semble unie dans sa volonté de battre le MAS, elle peine encore à proposer une vision politique cohérente et mobilisatrice.

Dans ce contexte, les élections du 17 août s’annoncent très incertaines. Entre exclusions, divisions internes et candidatures suspendues, aucun camp ne semble en mesure de s’imposer clairement. La campagne à venir en Bolivie pourrait bouleverser les équilibres historiques dans un climat d’instabilité qui laisse planer l’incertitude sur l’avenir politique du pays.