Lors de la rencontre entre le président brésilien Lula Da Silva et le Secrétaire général de l’ONU António Guterres dans le cadre du G20, on note premièrement un véritable engouement du pays hôte en matière écologique et féministe.
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En effet, parmi toutes les réformes progressistes évoquées par la présidence brésilienne, on compte entre autres la lutte renforcée contre la crise climatique, contre la faim, contre la pauvreté et les inégalités, conjuguée à une nouvelle impulsion de la bioéconomie en faveur des peuples indigènes, du développement durable et de l’autonomie économique des femmes. Lula Da Silva met particulièrement l’accent sur le rôle plus actif qu’auront les acteurs locaux non gouvernementaux en matière de gestion de leur territoire. Selon lui, « Pour la première fois dans l’histoire du G20, la société civile des différentes parties du monde, dans ses formes d’organisation les plus diverses, s’est réunie pour formuler et présenter ses demandes face à des chefs d’État. »
Cependant, l’enthousiasme qui caractérisait la rencontre entre les deux hommes fait face depuis ce lundi à un obstacle de taille. En effet, Lula Da Silva, qui condamne violemment le génocide israélien sur la population palestinienne tout en minimisant les attaques de la Russie en Ukraine, refroidit les différents pays du G7 (États-Unis, Allemagne, Canada, France, Italie, Royaume-Uni et Japon).
De manière générale, lors des Sommets des Nations-unies, les positions géopolitiques des différents chefs d’État sont reléguées au second plan afin de pouvoir arriver à un seul communiqué final. Or, le président brésilien est en réalité motivé par les relations économiques qu’il entretient avec les pays du BRICS+ ( Brésil, Russie, Iran, Chine, Afrique du Sud, Égypte, Émirats arabes unis, Éthiopie, Iran ). Ainsi, le G20 paraît paralysé par la forte polarisation des parties et dévoile sa très faible unité. De même, afin de renforcer le poids du bloc géopolitique qui s’oppose au G7, guidé par les États-Unis, le président du Brésil condamne violemment le génocide perpétré par Israël en Palestine. Au risque de ne pas pouvoir conclure le congrès international avec un seul communiqué, le président hôte semble devoir modifier le fond de son texte final.
La polarisation du G20 sur fond d’intérêts économiques semble, en conclusion, entrer en écho avec la COP16 qui s’est achevée en Colombie sans s’accorder sur un plan de financement. De plus, la nouvelle présidence américaine et la montée en force des mouvements de « vérités alternatives” qui l’accompagnent font craindre une polarisation toujours plus intense des débats sur les faits chaque fois moins bien documentés. Les propositions écologiques et féministes ne sont alors qu’une façade qui cache le véritable conflit d’intérêts du G20.
Lucas LEMOINE